http://www.comite-bandajevsky.org

 

Michel et Solange Fernex

"ENFANTS DE TCHERNOBYL BELARUS"

20 rue Principale, 68480 Biederthal (France)

e‑mail : s.m.fernex@wanadoo.fr

 

Professeur Youri Bandazhevsky

La recherche scientifique en relégation N°2

 

Voyage au Bélarus  - 30 juin au 7 juillet 2004


 

Chers Amis,
Nous repartons ce soir pour une semaine. Sachant combien vous attendez des nouvelles de Youri et Galina,  nous voulions vous envoyer avant notre départ  nos premières impressions de notre voyage.

Un  courrier  aux  membres  de  notre association  partira dès notre retour,  avec les photos que nous avons prises.

Bien amicalement
Michel et Solange

Biederthal, le 9 juillet 2004

  


Premières notes (dès le lendemain de notre retour) sur notre
voyage en Bélarus du 30 juin au 7 juillet 2004


1) Arrivés à Minsk, reçus par le Professeur Vassili Nesterenko à l'aéroport, nous nous rendons chez le représentant de la Suisse, M. Mathias Weingart, qui part le lendemain pour Berne (DEZA). Au nom de PSR/IPPNW Suisse, nous y abordons les problèmes du Prof. Bandajevsky, que le département des affaires étrangères ne semble pas encore considérer comme un prisonnier politique; le DEZA attend des documents complémentaires.

Nous parlons du soutien que le DEZA (
Direcktion für Entwicklung und Zusammenarbeit  /  Agence pour le développement et la coopération) apporte à Nesterenko, dans le cadre du projet CORE. Il s'agit de mesures de la charge en Cs137 chez des enfants pendant trois ans.  Je remets à  M.Weingart mon résumé  sur  la  nécessité  de  distribuer de  la  pectine  aux  enfants contaminés  (voir annexe).   En effet l'éthique médicale interdit de poser un diagnostic chez des enfants, sans mettre en oeuvre un traitement quand celui-ci existe : en cas de charge importante en Cs137, la pectine est indiquée. Je rappelle à M. Weingart que toute l'aide venant du DEZA pour le Bélarus dépend de son jugement.

2) La visite avec Vassili Nesterenko chez l'ambassadeur de France est chaleureuse. Nous montrons le dossier préparé par le Comité Bandajevsky, dont l'ambassadeur connaît la plupart des documents et les a même copiés pour Youri. L'ambassadeur nous parle de son soutien permanent et déterminé, à chacun de ses contact avec les autorités du pays, à la réintégration totale, civile et scientifique, du Professeur Bandajevsky, qu'il a été voir au bord du Niémen, avec des collègues de l¹Union Européenne, pour démontrer concrètement ce soutien aux autorités judiciaire, dès l¹annonce de sa relégation.

A notre arrivée, deux pilotes français de la Brigade Normandie-Niémen sont en visite à l¹Ambassade en grand uniforme avec toutes leurs décorations, françaises et soviétiques. A la demande du Général de Gaulle,  ils ont  combattu  aux côtés de  l'URSS  de 1942 à 1945.  Le soir ils parlent à la TV, à l'occasion du 60e anniversaire de la libération du Bélarus.
 

L'Ambassadeur me demande ce que je reproche au projet CORE. Je rappelle l'origine du projet (EDF, CEA, AREVA). ETHOS devait effacer les problèmes de Tchernobyl, mais le bilan sanitaire présenté à Stoline en 2001 est déplorable. CORE refuse de prendre en considération l'échec d¹ETHOS et ses causes. Je parle longuement de la pectine de pomme et remets à nouveau mes remarques écrites à ce sujet. Médecins sans Frontières va réaliser un petit projet dans le cadre de CORE chez des femmes enceintes. Il y a été question de pectine, mais cela impliquerait d'observer un protocole. Pour connaître l'effet protecteur de la pectine chez des femmes enceintes, il faut mesurer, avant la cure, la charge radioactive de la mère, celle du placenta et celle de l'enfant à la naissance.

3)     Visite du chantier du nouveau BELRAD. Huit ouvriers y travaillent, nous rencontrons le

chef de chantier. Les murs du rez-de-chaussée très bien isolés (57 cmd'épaisseur) montent  rapidement. Cinq jours plus tard, les linteaux des fenêtre de cet étage sont posés. L'ensemble des locaux abritant la préparation de la pectine de pomme sont terminés pour le gros oeuvre. Il semble réaliste d'affirmer que tout le bâtiment sera sous toit, avec portes  et fenêtres, début octobre 2004.  Nous logeons  les premiers jours et le dernier dans la maison de campagne  en  bois des Nesterenko, située à dix minutes du chantier.


 

4) Nous rencontrons à BELRAD les responsables des projets "villages disparus", dont Alexéi Nesterenko, M. Babenko et d'autres. Nesterenko donne à Michel la licence officielle donnée par le Ministère de la Santé Ukrainien à la pectine, avec le schéma réglementaire de cures pour les enfants contaminés.  Ce  document  officiel  est  très important pour la suite des démarches au Bélarus et ici (TACIS - Anglais), etc.).

Malheureusement nous apprenons 24 heures plus tard, que dans la nuit qui a suivi, Alexéi, encore bien la veille, a fait un iléus et doit être opéré d'urgence. (Après une amélioration de quelques jours, une  nouvelle  intervention  s'est  avérée  nécessaire le 7 juillet, jour de notre départ). Nous espérons que tout reviendra à la normale dans les semaines qui viennent.

 

5) Visite à Youri Bandajevsky en relégation dans le village de Peskovtsy au bord du Niémen.

Galina Bandajevskaya vient avec nous de Minsk. À notre arrivée, Youri qui a bonne mine et a retrouvé son aspect physique de 1998 (notre visite à Gomel), fait les cent pas devant sa jolie petite maison en bois. Après les retrouvailles, Galina va immédiatement voir le Directeur du kolkhoze Victor Genrikhovitch, pour lever tout danger éventuel de déplacement de Youri dans un autre centre de détention du Bélarus, suite à la visite non autorisée d'une journaliste d'un journal de province, il y

a dix jours.

Ce déplacement serait d'autant plus catastrophique, que Youri vient de rendre habitable et jolie la maison de bois désaffectée, mise à sa disposition. C'est là qu'il reçoit tous les siens le lendemain. Il a restauré et repeint en blanc trois pièces. Un chauffage au bois fonctionne. Il a construit de nouvelles cloisons. Nesterenko a fourni les meubles, la vaisselle, le frigidaire, la cuisinière au gaz et autres équipements avec l'aide des donateurs des " Enfants de Tchernobyl Bélarus ".

Le  puits d'eau potable n'est qu'à 120 mètres de là.  Les toilettes publiques sont un peu plus loin. Il y a un jardin avec un cerisier couvert de fruits magnifiques. Youri nous a préparé un excellent "borchtch". Nous lui disons : "Si Galina parle aussi longtemps avec le Directeur, c'est que la discussion évolue dans le bon sens". Au bout de deux heures, Galina apparaît, avec le sourire. Youri respire. L'entretien de Galina a été tellement positif, que la Présidente du District (homologue de nos Sous-préfètes) Valentina Tadeuchevna, nous invite à un dîner de fête trois jours plus tard, avec toute la  famille de Youri: son épouse,  ses deux filles,  sa petite fille son beau-frère  Sacha Slesar et son épouse Nina, ainsi que Vladimir Nesterenko, notre guide et chauffeur.

À  côté de  la maison de Youri  il y  a un  bâtiment en béton à l'abandon.  Youri parle d'y installer un laboratoire et un élevage d¹animaux de laboratoire. Cette idée nous semble d'abord irréaliste. Les photos que nous montre par la suite Youri du laboratoire de fortune qu'il avait monté en 2000 dans son petit appartement à Gomel, la cuisine servant de salle d'examen des animaux traités par le Cs137, nous amènent à penser que ce serait une possibilité, pour rendre scientifiquement productifs les six mois que Youri doit passer dans cette solitude, malgré tout oppressante. Cela impliquerait pour lui de restaurer des locaux délabrés situés en face de sa maison.

Pour la santé de Youri, une telle activité serait peut-être source de survie physique et intellectuelle. Depuis son enfance, Youri a fait de la recherche expérimentale. Sa thèse d'agrégation repose sur des travaux concernant la reproduction. Les problèmes d'instabilité génomique découverts depuis, montrent la nécessité de suivre ces animaux, sur plusieurs générations.

Il n'est pas encore temps de parler de l'avenir plus lointain et très incertain de Youri, quand il pourra vivre ailleurs dans le pays. Dans le contexte juridique actuel, Youri ne peut envisager ni une activité dans une structure d'état, ni une activité à l'étranger. Cependant une correspondance et coopération avec des instituts à l'étranger ne serait pas à exclure. Youri est très reconnaissant à la Criirad pour l'envoi d'un "notebook". Son beau frère Sacha Slesar est spécialiste en informatique à Minsk et pourrait l'aider dans ces contacts, car pour le moment Youri est interdit d'internet.

Vivre avec des projets concrets et réalisables, comme l'étude réalisée avec succès à Gomel alors qu'il attendait d'être jugé, est nécessaire à Youri. Sans de tels projets, on quitte la réalité et ce n'est pas sain.  Youri  ne parle pas d'aller à l'étranger,  car il sait que ce n'est légalement pas possible . Par ailleurs il ne souhaite pas quitter durablement son pays.

Sans travail concret, sans projet, Youri aurait des raisons de désespérer, nous devons aller à sa rencontre malgré toutes les difficultés que cela représente. Nous n'avons malheureusement pas le temps de discuter ensemble de projets concrets en détail, car tout protocole nécessite beaucoup de réflexions et une rédaction soignée, Youri va essayer de mettre des idées sur le papier et de nous les envoyer.

Les discussions sur l'avenir lointain inquiètent Youri à juste titre, car personne ne peut donner de réponse aux questions qui se posent actuellement. Il y a eu et il y aura des moments difficiles, des "conflits" qu'il faut et faudra  aplanir. Youri, qui a un très fort caractère, réussira à le faire avec l¹aide de son épouse.  Pour le moment Galina travaille à  Belrad dans son domaine : la pédiatrie et la cardiologie clinique. Elle étudie chez l'enfant l'effet protecteur de la pectine et des vitamines, dans le cadre des projets de BELRAD dans les villages hautement contaminés " oubliés ". Elle peut maintenant rendre régulièrement visite à son mari et lui parler chaque jour au téléphone.

6) La vie dans le centre de relégation.

L'arrivée de la famille de Youri qui trouvera la place nécessaire pour dormir dans la maison reconstruite à cet effet,  a  été  retardée de deux jours par la maladie de la fille d'Olga. Ce n'était pas plus mal que les deux époux puissent se retrouver en couple.

Nous avons été logés par la Présidente du district Valentina Tadeuchevna avec Vladimir Nesterenko, notre chauffeur et guide, dans la " Maison du Parti " du village, dominant la falaise sur le fleuve Niémen, une maison encore décorée à la gloire de Lénine, Marx, Engels et de la dynastie des Tsar Romanov depuis Pierre le Grand jusqu¹à Nicolas II (poster datant de 1991). Sur la porte, un  marteau  et une faucille sculptés en bois. Dans  le jardin,  des  dolmens qui marquent les tombes des partisans morts lors de l'occupation.


À 9 heures, chaque matin, petit déjeuner chez les Bandajevsky avec un plat chaud préparé pour tous par Galina. Puis discussions d'abord collectives. Nous regardons aussi momentanément la télévision qui, pendant 3 jours, étalera sans cesse la gloire du pays, à l'occasion du 60e anniversaire de la libération: défilés, sociétés sportives, chars blindés, majorettes, avions volant à basse altitude, feux d'artifices et surtout ovations et discours. Ni Poutine ni Kouchma n'ont jugé bon de se déplacer. Le tout rappelle, Mirages de la patrouille de France et Arc de Triomphe en moins, le défilé du 14 juillet

à Paris.

 

Discussions en tête à tête avec Youri jusqu'au repas de 14 heures, plats locaux délicieux, que Galina prépare dans  la petite cuisine.  La langue retenue est le français qui nécessite parfois de consulter le dictionnaire. Youri se fatigue encore vite.

Vers 16.30 heures nous laissons la famille se retrouver, et marchons le long du fleuve. Le soir, Vladimir  retourne  au  village  où il partage le repas préparé par Galina, mais nous préférons pique-niquer dans le paysage magnifique du Niémen.


Le dernier jour, arrivée de Sacha, frère de Galina et expert en informatique apprécié par Youri, et sa femme Nina, avec la fille aînée Olga et son bébé Katia. La cadette de Youri et Galina, Natacha voulait repartir  avec  nous  le  lendemain  avec nous,  mais  elle décidera, après une soirée avec ses parents, de rester une semaine avec sa famille.


La Présidente Valentina Tadeuchevna nous invite tous dans le jardin de la Maison du Parti que nous occupons, à un repas, un dîner de fête. C'est elle qui apporte et accommode (soupe de poisson et poisson grillé) deux magnifiques brèmes pêchées dans le Niémen. Avec Vladimir, nous avons mis la table avec des bancs sous le vaste auvent car l¹orage menace. Il y aura exceptionnellement et pour la première et seule fois à table, une bouteille de champagne d'Ukraine et une petite (0,5 litres) bouteille de vodka (achetée par Michel le matin au magasin du centre et qui restera aux deux tiers pleine)   pour accompagner  le  repas,  et  permettre,  par  des  toasts  à  la  russe,  d'exprimer notre reconnaissance aux uns et aux autres.


Grosse vaisselle pour Olga et Solange. Ce soir là, pas de repas au village pour Vladimir Nesterenko, car il  reste sur place poisson,  légumes,  pommes  de terre pain et fromage. Pour nous,  pique-nique comme d'habitude...


Le lendemain matin, nous rangeons la maison, prenons congé des autorités, visite à Valentina Tadeuchevna dans son bureau, visite dans son bureau à Viktor Genrikhovitch, directeur du kolkhoze (4500 hectares de prés et céréales, 200 ouvriers, 1500 animaux), adieux émus à la famille Bandajevsky.


Résumé :


Il nous apparaît que Youri est actuellement installé dans le plus bel environnement naturel possible, non contaminé, dans une jolie maison traditionnelle en bois qu¹il a retapée et dans laquelle il reçoit sa famille. A notre avis, les autorités administratives (Valentina Tadeuchevna) et kolkhoziennes sont humainement aussi bienveillantes, sympathiques, généreuses et ouvertes que possible, dans une situation administrative et judiciaire donnée, qui ne dépend pas d¹elles. De même que dans nos mairies nous sommes accueillis par un portrait en pieds de Jacques Chirac, dans le bureau de Valentina, c'est évidemment le Président Bélarusse en couleurs qui sourit aux visiteurs.

En face de la maison de Youri, il y a un magasin exceptionnellement bien achalandé pour un aussi petit village, sans doute à cause de la présence d'un important kolkhoze et d'une école assez grande (actuellement en vacances) : saucisse locale, lait et produits laitiers, (kéfir en litres, yogourts etc.), toute   l'épicerie   usuelle   (riz,  pâtes,  lentilles,  huile,  concombres  et  cornichons,  café,  thé, etc.), conserves, boissons, vaisselle, papeterie, etc. etc.


Nous faisons la connaissance de la directrice du magasin, Macha, une jeune femme très aimable et souriante et à l'air très capable, avec laquelle nous levons un verre de champagne bélarusse, offert par la Présidente de District, Valentina Tadeuchevna dans l'arrière boutique du magasin. Youri plaisante avec Macha à la russe,  lui  disant  qu'après le départ de Galina pour Minsk et de Valentina qui part en vacances en Crimée, elle restera la seule femme au village....

Pendant tout notre séjour, Youri et Galina ne cessent de nous rappeler de remercier tous les amis, qui écrivent, envoient de l¹argent, proposent des citoyennetés d'honneur, des prix, des distinctions universitaires, pour le magnifique dossier du Comité Bandajevsky, le "notebook" de la Criirad, les soutiens reçus (600 dollars mensuels) de notre association depuis 2001, etc. etc. Tous ces encouragements permettent à Youri et Galina de sentir une grande et amicale solidarité. Youri est aussi très content des abonnements à des revues scientifiques : "Nature" et autres.

Youri se fatigue encore très vite pendant nos discussions, bien qu'il parle bien le français. Il a écrit un vocabulaire français courant dans un cahier d'écolier, en prévision de notre visite. Par ailleurs, nous essayons de nous rendre aussi discrets que possible, notre visite coïncidant avec ses tout premiers contacts en "semi-liberté" avec son épouse, ses deux filles et sa petite fille qu'il ne connaissait pas. Notre discrétion volontaire est rendue possible par le fait que nous habitons en dehors  du  village  et  que  nous  décidons de dîner le soir avec nos propres provisions: pain, beurre, fromage, lait.


Derniers jours à Minsk.

Promenade dans la forêt, de la maison des Nesterenko au grand lac voisin le matin tôt. Dernière visite et photos au chantier qui progresse. Rencontre à son Institut de Rose Goncharova pour discuter de  ses travaux dans  le  domaine  de  la  génétique  chez  les  campagnols  sauvages  de Tchernobyl et les articles à publier.


Le lendemain, Solange signe les contrats entre les Enfants de Tchernobyl Bélarus et Belrad. Vassili a pendant trois jours la réunion "SAGE" (
Stratégies pour le développement d'une culture de protection radiologique), projet au sein duquel il est chargé d'écrire le chapitre "Radioprotection". Malheureusement Alexéi qui devait y représenter Belrad est à l'hôpital. Repas avec Ilsa, brièvement avec Vassili, nous sommes tous inquiets. C'est dans cette atmosphère de graves soucis, à l'heure où Alexis est sur la table d'opération pour la seconde fois, que Vladimir Nesterenko nous accompagne à l'aéroport où nous prenons l'avion pour Vienne. Depuis il paraît que la fièvre est tombée et que la deuxième opération a réussi ! Alexéi est encore en réanimation.

 

[Malheureusement une troisième opération s'est avérée nécessaire le 10 juillet, à cause d'une perforation intestinale et d'une péritonite. On a craint le pire, le chirurgien ne garantissant pas une issue favorable. Actuellement, la situation est stabilisée, avec une forte cure d'antibiotiques et un soutien par infusion de immunoglobuline. Nonobstant les 3 opérations en moins de 10 jours et le choc septique le jeune organisme de Alexéi résiste. La situation est très sérieuse et demandera du temps pour être surmontée. - Wladimir Tchertkoff.]

 

 

Fait le 9 juillet 2004 à 12 heures,  

 

Michel et Solange Fernex                                                         




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos - Youri  à Peskovtsy