Mesures directes des taux d'accumulation du radiocésium dans les produits alimentaires et dans l'organisme des habitants des régions biélorusses contaminées par Tchernobyl

 

V.B.Nesterenko, A.N.Devoino, I.E.Nesterenko

V.V.Golub, A.V.Vinnikov, A.A.Mukhlaev

Institut de radioprotection "Belrad", Minsk, Belarus

 

 

"Conséquences médicales de la catastrophe de Tchernobyl : résultats de 15 ans de recherches", 4 – 8 juin 2001, Kiev, Ukraine

 

Résumé publié dans le "Journal international de médecine radiologique"

Edition spéciale Vol. 3, N° 1-2, 2001

 

 


 

 

 

Les habitants des territoires contaminés par le Cs137 reçoivent plus de 80% de leur charge corporelle à partir d'aliments produits localement et contaminés par des radionucléides. La zone de catastrophe radiologique au Belarus est bien plus étendue que les zones des retombées de radionucléides. En effet, les produits alimentaires, contaminés par les radionucléides au delà des niveaux d'admissibilité, circulent dans toute la république, généralisant le risque radiologique pour les enfants et les femmes enceintes.

 

Depuis 1990, l'Institut de radioprotection "Belrad" a créé dans les grands villages des régions biélorusses contaminées par Tchernobyl, 370 centres locaux de contrôle radiologique des produits alimentaires (CLCR), placés dans les écoles, les mairies, les dispensaires. Sur la base de plus de 320.000 mesures des CLCR, entre 1991-2000, on sait que 15-30% du lait des régions biélorusses de Tchernobyl, apporté par les habitants pour le contrôle, contenait du césium 137 au-delà du niveau d'admissibilité. D'après les données du Ministère de la santé RB, en 1999 la teneur du lait en césium137 dépassait 100 Bq/l dans 276 villages.

 

Malheureusement, par manque de fonds, il ne reste que 83 CLCR qui fonctionnent encore, dont 23 financés par l'aide humanitaire d'Allemagne.

 

Vu la haute concentration du césium137 dans les produits alimentaires de base et les produits naturels, c'est là que se trouve la source des becquerels accumulés. Ces aliments entraînent une contamination permanente de l'organisme des habitants des régions contaminées, conduisant à une accumulation considérable de Cs137, en particulier dans l'organisme des enfants. Cette accumulation représente probablement une des principales causes de la détérioration de l'état de santé des enfants.

 

L'Institut "Belrad" a créé 7 laboratoires mobiles SRH, qui accèdent aux régions de campagne les plus éloignées du Belarus. Avec cet équipement l'Institut "Belrad" a examiné plus de 92.000 enfants au moyen de SRH entre 1996-2000. Ces mesures ont montré que 70-90% des enfants ont incorporé plus de15 à 20 Bq/kg de césium137 dans leur organisme. Le niveau d'accumulation  de radiocésium chez les enfants de nombreux villages atteint 200-400 Bq/kg et, dans certains villages, 1500-2000 Bq/kg, voire 4000-7000 Bq/kg.

 

Les recherches anatomo-pathologiques du professeur Y.I.Bandazhevsky ont montré de grandes différences, (de l'ordre de10 à 40 fois), d'accumulation de césium 137 dans les organes vitaux de l'organisme. Il constate l'apparition d'altérations pathologiques dans les organes et systèmes vitaux à partir de 50 Bq/kg du poids du corps des radio nucléides incorporés dans l'organisme des enfants.

 

Le Ministère de la santé RB sous-évalue l'importance de la contamination et ne reconnaît pas le lien qui existe entre la maladie et la dose. En fait, il n'utilise pas de manière suffisamment  systématique les SRH au cours des visites médicales et des examens de la population du Belarus.

 

Pendant 5 ans, l'Institut "Belrad" a transmis au Ministère de la santé RB ses données sur les mesures au moyen de SRH de l'accumulation du césium137 dans l'organisme des enfants. Seul le professeur Y.I.Bandazhevsky a utilisés ces données au cours des examens médicaux des enfants de la région de Gomel, ce qui lui a permis de déterminer la corrélation qui existe entre les nombreuses maladies et des charges corporelles excessives en Cs137.

 

Les mesures régulières au moyen de SRH du césium137 dans l'organisme, avant et après la prise orale pendant 3 semaines d'un additif alimentaire à base de pectine de pomme permettent de montrer l'efficacité de ce produit, qui diminue la concentration du césium-137 dans l'organisme des enfants. Elles illustrent clairement la valeur irremplaçable de l'anthropo-gammamétrie, pour mettre en évidence l'efficacité des différentes mesures de radioprotection prises pour protéger une population.