Mesures du Cs137 et santé publique

 

Y.I.Bandazhevsky V.B.Nesterenko

Institut de radioprotection "Belrad", Minsk, Belarus

 

 

3ième Conférence internationale

 

"Conséquences médicales de la catastrophe de Tchernobyl :  résultats de 15 ans de recherches", 4 – 8 juin 2001, Kiev, Ukraine

 

Résumé publié dans le "Journal international de médecine radiologique"

Edition spéciale Vol. 3, N° 1-2, 2001

 

 


 

 

Tchernobyl a rejeté dans l'atmosphère une énorme quantité de radioéléments, comme l'iode 131, le césium 137 et le strontium 90.


Le Cs137 (période ou demi-vie physique de 30 ans) continue à altérer la santé des populations qui vivent dans les zones contaminées par les retombées radioactives. 15 ans après l'explosion du réacteur, le Cs137 contamine la chaîne alimentaire : absorbé par l'organisme avec les aliments il concentre dans certains organes.


Avec une charge de seulement 30-50 Bq/kg de poids corporel, le Cs137 altère les cellules hautement différenciées du coeur, du cerveau, du système immunitaire des glandes endocrines, du foie, des reins. Cette accumulation a un impact pernicieux sur la santé (Y.I.Bandazhevsky, 2000).


Pour protéger les habitants des zones contaminées, il est nécessaire de mesurer le niveau de Cs137 dans les aliments, ainsi que son incorporation dans l'organisme des sujets. Cela permet de préciser l'impact de cette charge en radionucléides sur la  santé et, le cas échéant, d'évacuer ou de traiter les patients. Ces mesures permettent aussi de mieux connaître le rôle de ce radionucléide dans la pathogénie de différentes maladies.


L'Institut de protection radiologique "Belrad" a réalisé en 10 ans plus de 94.000 mesures de la charge corporelle en radionucléides émetteurs de rayons gamma (principalement Cs137) dans l'organisme d'enfants et d'adultes, et 320.000 mesures radiamétriques dans des échantillons de produits alimentaires.

Dans un village donné, la contamination par le Cs137 des individus peut osciller entre des niveaux de contamination négligeables et des charges en Cs137 inacceptables, hautement radio-toxiques. Dans ce cas, l'examen médical met en évidence des altérations ou des troubles fonctionnels ou des anomalies morphologiques dans différents organes. C'est en particulier le système cardiovasculaire qui est touché : la gravité de la symptomatologie est directement proportionnelle au taux de Cs137 mesuré chez le sujet.

L'anthropo-gammamétrie permet de détecter à temps les sujets à risque, de prévenir l'aggravation de leur état, de rechercher avec eux la source de contamination sans cesse renouvelée. Il faut alors préconiser des changements d'habitudes, principalement alimentaires et prescrire des cures prolongées hors des zones contaminées, voire la prise orale d'adsorbants du Cs137.

 

Les différences individuelles dépendent avant tout du régime alimentaire, mais aussi du métier (forestier, chasseur, agriculteur) et de l'âge. Des précautions adaptées à chaque cas permettront de protéger ces sujets.

Les mesures de santé publique à prendre ne doivent plus se baser sur des calculs théoriques, reposant sur une contamination moyenne, locale ou régionale.

 

L'anhropo-gammamétrie devrait compléter les examens cliniques, en plus des examens de laboratoire dans ces régions, pour mieux saisir la pathogénie de la maladie et évaluer l'efficacité du traitement.