LETTRE DU PRESIDENT CHIRAC A AMNESTY
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Paris, le 12 novembre 2002
Monsieur Francis PERRIN
Président de la section française
d' "Amnesty International"
76, boulevard de la Villette
75940 Paris Cedex 19
Monsieur le Président,
Je vous remercie pour votre courrier appelant mon attention sur la situation du Professeur Bandazhevsky. Comme vous le soulignez, tout porte à croire que ce sont ses critiques à l'égard de la manière dont les autorités bélarusses traitent les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, qui ont motivé la condamnation du Professeur Bandazhevsky à huit ans de réclusion à régime sévère.
L'Ambassade de France à Minsk continue à suivre les développements de cette affaire avec la plus grande vigilance. Une relative amélioration de ses conditions de détention est intervenue suite à la visite à Minsk, en juin dernier, d'une délégation de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe. M. Bandazhevsky a ainsi été transféré dans une cellule de trois personnes (contre soixante auparavant) et un ordinateur a été mis à sa disposition pour ses travaux.
L'état de santé physique et morale du Professeur Bandazhevsky se serait cependant nettement dégradé au cours des dernières semaines. Son épouse, qui a pu lui rendre visite le 17 septembre dernier, s'en est inquiétée auprès de notre poste à Minsk, en précisant que son mari était soumis à de fortes pressions psychologiques et se verrait administrer des substances psychotropes, vraisemblablement dans le but de briser sa volonté et de le contraindre à abandonner ses recherches. Très préoccupée par ces indications, l'Union Européenne a sollicité auprès des autorités bélarusses un droit de visite au Professeur Bandazhevsky pour les Chefs de mission de l'Union à Minsk.
Je peux vous assurer que la France et ses partenaires de l'Union Européenne continueront à intervenir en faveur du Professeur Bandazhevsky et à apporter leur soutien à ses proches. Sa libération reste en particulier l'une des conditions préalables à un assouplissement éventuel de la politique de restriction des relations avec le Bélarus mise en oeuvre par l'Union depuis 1997.
Il va de soi que si la libération du professeur Bandazhevsky intervenait prochainement, un visa au titre de l'asile pourrait lui être délivré dans les plus brefs délais pour lui permettre de se rendre sur le territoire français.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma considération distinguée.
Jacques CHIRAC