Lettre de Wladimir Tchertkloff

   10. 05. 2005


 

Dans mon mail du 5 mai ("Brèves de Youri"), j'a écrit cette phrase : "Il est tranquille, mais pas trop loquace, très retenu au téléphone." Galina vient de me dire que Youri n'était pas libre de parler, car à côté de lui il y avait le président du village qui est bien sûr un informateur. C'est pourquoi il a coupé net tout discours sur la CRIIRAD en me disant qu'ils ne se sont pas parlés.  ...................................

.............................................

.............................................

Situation. Youri est en congé de travail (il a travaillé 11 mois), jusqu'au 16 mai. Le directeur du kolkhose ne le reprend plus sur ordre venu d'en haut. Il a dit à Galina que cela ne concerne pas seulement Youri, mais aussi les 3 autres détenus en relégation qui lui ont été confiés. Le lieu de résidence dépend de l'embauche. Ne pouvant plus travailler à Peskovtsy, Youri doit quitter le village. Pour aller où? C'est la question, pour laquelle il n'y a pas encore de réponse. La direction du camp de relégation dit qu'ils ont des pourparlers en cours avec le Président du Conseil régional pour trouver un village qui lui donne du travail...

Amnistie. Entrée en vigueur le 6 mai pour une durée de 6 mois. Ce serait de nouveau 1 an en moins sur la peine, donc libération le 6 janvier 2006. Galina a appelé l'avocat Baranov pour avoir son avis. Elle a eu une réponse confuse, plutôt négative : "Peu probable qu'il en bénéficie. Mais appelez-moi à la fin de la semaine, j'étudierai mieux la loi." Cet avocat est un imbécile ou un salaud, car cette réponse gratuite a évidemment déprimé Galina, qui espérait. Cela contredit d'ailleurs ce que Kovtchour a dit à Heiken de l'OSCE, (qui l'a transmis par téléphone à Galina avant qu'elle parte pour Peskovtsy) : que cette nouvelle amnistie diminuera la peine de Youri encore d'un an. Mais maintenant Galina s'est souvenue que ce ne serait pas la première fois que les faits contredisent les déclarations (voir la date effective du départ en relégation, voir le droit à la liberté conditionnelle, que le gouvernement avait même annoncée à l'ONU à Genève...).

ONU Genève. Ils donnent l'impression de se moquer du monde. Il y a un an et demi environ, quand les échanges avec le Belarus ont commencé sur le dossier de Youri, ils ont écrit que leur conclusion serait prononcée le 5 mai 2005. Or, par lettre du 18 avril, ils ont communiqué à Bandajevsky qu'ils ont bien reçu ses dernières observations (de Galina-Pogoniailo au nom de Youri), qu'ils les ont de nouveau transmises au gouvernement du Belarus et qu'ils attendent sa réponse. On se demande combien de temps ce ping pong durera encore, vu qu'on répète toujours la même chose. Pogoniailo dit qu'ils y trouvent certainement leur intérêt...

Santé. Tous ces atermoiements, cette incertitude, la perspective de devoir recommencer à restaurer et rendre habitable une nouvelle maison abandonnée on ne sait où (si on l'aura, sinon c'est le retour dans la colonie), ont fortement ébranlé le système nerveux de Youri. Galina définit une "grave surtension nerveuse. Extérieurement, il est équilibré,- dit-elle, - mais il se dévore lui-même. Il tourne en rond. Comme une mouche prise dans une bouteille, il revient continuellement aux mêmes interrogations."

Nous sommes restés d'accord que je la rappellerai samedi, quand elle aura parlé avec Baranov, pour faire le point, et moi, rédiger les Nouvelles.

 

Bien amicalement

wladimir