Presentation de l'Analyse par dr Michel Fernex

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Dr. Michel Fernex

Professeur émérite, Faculté de Médecine de Bâle,

ex-membre de Comités Directeurs de TDR - Programme

spécial de Recherche pour les Maladies Tropicales,- OMS.

 

Biederthal, le 18 juin 2003

 

 

 

Aux Députés des Verts du Parlement Européen

 

 

A propos du Programme CORE, les commentaires de Wladimir Tchetkoff

 

En présentant cette analyse de Tchertkoff du projet CORE – Coopération pour la réhabilitation des  conditions de vie dans les territoires de Biélorussie contaminés par l'accident de Tchernobylfinancé par la communauté internationale et en particulier par l'U.E.,  je m'adresse aux députés européens qui soutiennent les scientifiques indépendants du Bélarus, dont les recherches révèlent les grave omissions, commises depuis l’explosion du réacteur de Tchernobyl par les Agences des Nations Unies (AIEA, UNSCAER, OMS). Ces Agences minimisent systématiquement les conséquences de cette catastrophe radiologique pour la santé des populations.

 "Il se peut que l'on ne connaisse jamais le nombre exact des victimes, mais les trois millions d'enfants qui réclament des soins - non pas en 2016 mais bien plus tôt - nous donnent une idée du nombre de gens qui risquent de tomber gravement malade... Leur avenir en sera mutilé comme l'est leur enfance. Nombreux mourront avant terme..."  Et Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies, conclut cette introduction du rapport de l'Organisation pour la Coordination des des Affaires humanitaires (OCHA), en 2000 : "L'héritage de Tchernobyl restera avec nous et nos descendants pour les générations futures."

 Kofi Annan tenait compte de l'atteinte génétique par les rayonnements artificiels dont souffrent ces populations, suite aux retombées radioactives de Tchernobyl. Il connaissait les rapports que veut ignorer l'Agence Internationale pour l'Energie atomique (AIEA) et son porte-parole auprès de l'ONU pour ce qui a trait aux rayonnements ionisants et aux conséquences sanitaires de Tchernobyl, l'UNSCEAR.

 Pour comprendre l'inquiétude de Wladimir Tchertkoff à la lecture du projet CORE, il faut savoir qui a inspiré ce programme et qui l'a conduit dans sa phase préparatoire. C'est avant tout une ONG sans but lucratif, le CEPN, créé par EDF et le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), avec AREVA (ancienne COGEMA) comme membre supplémentaire, pour soutenir des travaux dont les fruits doivent contribuer à la promotion du nucléaire commercial, au même titre que les travaux soutenus par l’AIEA. Le CEPN pilote des équipes universitaires, dont les travaux doivent parvenir à masquer le drame sanitaire engendré par les radionucléides répandus par Tchernobyl.

 On se souvient qu’il aura fallu plus de 30 ans pour que l'OMS puisse enfin faire la preuve que le lobby du tabac, bien modeste à côté de celui de l'Atome, parvenait à acheter des universitaires réputés, afin que ceux-ci produisent pour leur commanditaire (les grands trusts du tabac) des travaux scientifiques frelatés, des études épidémiologiques faussées. Les contre-vérités ainsi propagées ont, pendant des décennies, empêché l'OMS et les gouvernements de prendre des mesures fortes pour réduire la consommation du tabac, voire de mettre fin à sa publicité. Il a fallu que l'OMS mette en place une commission d'enquête interne, pour détecter les chefs de services  faussaires payés par les gros producteurs de cigarettes. (L'équivalent en plus modeste des industries qui se servent du CEPN). Pour l'OMS, des travaux inspirés et financés par un lobby sont inacceptables... sauf pour le nucléaire, où l'OMS n'a pas le droit de s'exprimer du fait de l'Accord signé en 1959 avec l'AIEA, qu’il est urgent d’amender.

 L'IRSN, le CEA, EDF, AREVA supervisent la recherche et l'information, ventilent les frais de recherche et de propagande en faveur de l'atome commercial. Pour la recherche, le lobby interfère au sommet. Ainsi Marcel Boiteux, Directeur général d'EDF, a siégé très longtemps à la direction du CNRS, pouvant décider quelles étaient les recherches "acceptables". Le Prof. Aurengo qui siège au conseil d'administration d'EDF, représente aussi la France à l'UNSCEAR.

 Jean-François Viel a montré comment insérer des erreurs épistémologiques dans des protocoles, afin que les études ne débouchent pas sur des différences statistiquement significatives. Ainsi le lecteur "pourra" interpréter les résultats comme étant négatifs, donc sans conséquence...  Comme le disait le Prof. Lacronique face à la presse, les faux dans le domaine du nucléaire sont avant tout des mensonges par omission.

 Ainsi, le projet CORE marginalise et escamote les problèmes de santé des victimes de l'irradiation chronique, principalement interne, liée à l'incorporation de radiocésium et de strontium avec les aliments. L’anthropogammamétrie et autres mesures radiamétriques finalement accordées à Belrad ne se traduisent pas, dans le projet CORE, par des mesures de prévention des complications cliniques chez les enfants présentant une charge importante, ce qui est inacceptable du point de vue de l’éthique.

 Devant tout travail, il est indispensable de savoir qui l'a inspiré, il faut connaître le curriculum vitae des auteurs et co-auteurs des projets. Qui paye les voyages, symposiums et autres réceptions ? Et qui, en fin de compte sera le bénéficiaire ? Certes pas les enfants biélorusses.

 Je suggère que les Députés Européens, qui sont au courant de cette situation, publient l'analyse du projet CORE réalisée par Wladimir Tchertkoff et la distribuent au P.E., et si possible au-delà, à la Commission et aux gouvernements d'Europe, après l'avoir peut-être adaptée en fonction des destinataires.

 

 

Michel Fernex

68480 Biederthal

France