"ENFANTS DE TCHERNOBYL BELARUS"
23 septembre 2003
Le directeur de la prison a appuyé la demande de Bandajevsky
Hier Galina a apporté les médicaments en prison et a eu un entretien avec le directeur, qui a sobrement confirmé que les documents avec la demande de libération sont partis en direction de Loukachenko (en passant par le Comité d'exécution des peines). Après quoi le directeur lui a fait rencontrer le médecin qui soigne Youri.
C'était un bon entretien entre collègues, humain et ouvert. Le médecin a dit à Galina de ne pas s'inquiéter. Pour le moment il n'y avait rien de catastrophique avec le cœur sur le plan organique. A son avis tout s'explique par la profonde et constante dépression dont souffre le prisonnier. Je recopie les paroles du médecin, telles que je les ai notées en écoutant Galina. "Un homme de son intelligence, contraint à n'avoir de rapports qu'avec l'humanité de la prison, est un homme à qui manque l'air pour respirer. Il souffre de dépression. Et sur le terrain de la dépression tout est possible. Il a été examiné également du point de vue psycho neurologique et nous l'aidons de ce côté aussi. Les médicaments que vous apportez sont utiles. Mais son vrai médicament c'est la liberté. Dès qu'il sera hors de prison, il se libérera rapidement de ces symptômes. A ce propos les papiers sont partis. Et je dois vous dire que c'est la première fois, depuis que je travaille dans cette prison, que je vois la direction appuyer la requête du prisonnier et demander sa libération. Ne vous faites pas du mauvais sang, nous connaissons le professeur, nous savons tout et nous comprenons tout. Notre comportement est bienveillant à son égard. Ménagez vos nerf, car tout repose sur vous. Nous ferons tout le nécessaire pour l'aider."
Voilà textuellement ce que Galina m'a dit. C'est assez surprenant. Je lui ai demandé des précisions : "Vous êtes une personne intuitive, ces paroles et ce comportement humains vous ont semblé sincères, réels?" Sa réponse a été : "Oui, absolument. C'était une franche conversation entre collègues." Il est vrai que c'est la première fois qu'elle parlait avec un collègue médecin. Jusqu'à présent ses rapports étaient avec des gardiens, dont les personnalités bonnes ou mauvaises sont primitives et, en plus, ce sont des militaires, qui agissent en obéissant à des normes de caserne. Toutefois Galina se rend compte d'un changement, qui peut s'expliquer de deux manières différentes.
D'abord, ce directeur est nouveau, depuis déjà 8 mois environ (je l'apprends seulement maintenant). Rien à voire avec le vieux d'avant, qui a géré toute le période de pressions exercées sur Youri par le député Konopliov, d'hostilités induites contre Galina, de visites secrètes de sa mère, également montée contre la bru. Celui-ci est civilisé et humain, au point que Galina pense qu'il ne durera pas longtemps. Il écoute les gens et essaie de les aider dans la mesure de ses moyens. Il se rend parfaitement compte du degré d'inadaptation de ce détenu intellectuel aux conditions de la prison. C'est "l'équation personnelle" de ce nouveau directeur, qui peut expliquer sa décision de soutenir la requête de Youri en demandant sa libération.
Mais pas totalement, et c'est l'autre explication possible : quelle que soit sa personnalité humaine, le directeur de la prison est un militaire et il est difficile de penser qu'il puisse improviser en dehors ou même contre les normes. Il a appuyé la requête de Youri nonobstant la non reconnaissance de la culpabilité par ce dernier. Suivant la norme on transmet dans ce cas les documents sans intercéder en faveur du détenu non repentant. Galina fait le rapprochement avec ce que KOVTCHOUR du Comité d'exécution des peines lui avait dit le 22 août : "Si vous voulez mon opinion, il faut absolument que le professeur Bandajevsky écrive au Président. De notre côté nous ferons tout pour favoriser et soutenir une décision positive. Sans la grâce et avec la nouvelle amnistie prévue en mars 2004, il ne sortirait au mieux que dans un an. Et depuis que je l'ai vu la dernière fois, je suis persuadé que psychologiquement il ne tiendra pas le coup jusque là. Essayez de le persuader." Cette déclaration était précédée par la réponse du Vice-président de la Commission des droits de l'homme de l'Assemblée nationale de la République du Belarus, qui écrivait au Comité de soutien de Bandajevsky : Le Président envisage la possibilité d'examiner une deuxième fois la question de la concession de la grâce à Y.I. Bandajevsky, si celui-ci en fait la demande au Président de la République du Belarus suivant les formes requises.
Attendons et voyons.
W.T.