Genève, le 5 avril 2004
60ème Commission des droits de l’Homme
Biélorussie : 18 ans après Tchernobyl, la liberté d’expression et le droit à la vérité sont bafoués. Le professeur Bandajevsky est en prison pour avoir étudié les pathologies liées aux radiations dans un pays où la population se meurt et les médecins sont muselés.
Les associations susmentionnées sont très préoccupées par la situation du Professeur Bandajevsky qui est en prison depuis juin 2001. Ce cas de détention arbitraire a d’ores et déjà été dénoncé lors de la présente cession de la Commission des droits de l’Homme. Cependant, le mardi 13 avril 2004, dans le cadre du point 17 : Promotion des droits de l’Homme, science et environnement, les différentes ONG qui se mobilisent depuis 3 ans pour obtenir la libération et la réhabilitation de ce chercheur seront présentes. À cette occasion, un rassemblement est prévu à 14h00 devant le Palais des Nations pour sensibiliser la population sur la flagrante violation des Droits de l’Homme que constitue son emprisonnement.
Rappelons que Yuri Bandajevsky est un médecin biélorusse, docteur es sciences, anatomo-pathologiste, nommé en 1990, à l’âge de 33 ans, recteur de l’Institut de Médecine de Gomel en Biélorussie, zone très touchée par les retombées de Tchernobyl. Il y étudie les effets destructeurs du Césium radioactif sur l’organisme humain et découvre une relation quantifiable entre la dose de radioactivité mesurée dans l’organisme et la gravité des symptômes. En 1999, il publie ses résultats, au moment même où de nombreux groupes d’intérêts financiers et politiques ont hâte de tourner la page de Tchernobyl.
En 2001, il est arrêté sous le coup d’un décret présidentiel contre le terrorisme. Il apprend, après 22 jours d’isolement total dans un cachot, qu’il est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin pour l’admission d’étudiants dans son institut. Il reste 6 mois en détention préventive pendant lesquels il subit des violences physiques et psychologiques.
Le 18 juin 2001, en l'absence de preuves que l’accusation s’obstine pourtant à vouloir trouver, le professeur Bandajevsky est condamné par un tribunal militaire à 8 ans de détention dans une colonie de régime restreint, auxquels s’ajoutent 5 ans d’interdiction de direction de recherches dans un Institut d’Etat. L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), présente au procès, a dénoncé 8 infractions au code de procédure biélorusse.
Les travaux scientifiques du professeur Bandajevsky ont une ampleur universelle. Pour la population des territoires contaminés en Biélorussie ils présentent un caractère d’urgence. Par ailleurs, l’indépendance de toute recherche au service de l’humanité est un principe aussi fondamental que l’indépendance de la justice. L’incarcération du professeur Bandajevsky bafoue ces deux principes et c’est pourquoi nous demandons sa libération immédiate et sans condition.
Pour Amnesty International, Carine Hahn
Pour France-Libertés, Anne Guérin
Pour Enfants de Tchernobyl Belarus, Solange Fernex
Pour le Comité Bandajevsky, Maryvonne David-Jougneau
Pour Contratom, Anne-Cécile Reimann
Contact presse : Contratom : 022 740 46 12
Maryvonne David-Jougneau : 00 33 4 76 63 88 38
Comité Bandajevsky : http://www.comite-bandajevsky.org