"Le Gouvernement bâillonne la commission des experts au sujet des risques des centrales nucléaires"
Le "Sunday Times" Londres: le 01. 08. 2004.
Source: (traduction) Star mail – am Dienstag, 3 August 2004, 15.45 - Rubrik: Nuclear power.
http://omega.twoday.net/stories/290977/
Une dispute majeure a éclaté au sein d'une commission sur la sûreté nucléaire, à la suite de la tentative de faire taire certains experts qui affirmaient que les installations nucléaires constituaient une menace plus importante qu'il était précédemment admis pour la sûreté
Les juristes du gouvernement britannique ont interdit la publication des conclusions d'un groupe minoritaire dans le rapport final, après une enquête de trois ans sur les effets de la radiation à faibles doses.
Le Dr Chris Busby et Richard Bramhall, membres du comité CERRIE, prétendent que les risques du cancer provoqués par la radiation à faibles doses sont bien plus importants que communément admis.
Ils affirment que les méthodes utilisées jusqu'ici pour calculer les effets des radiations sur les personnes habitant à proximité des centrales ont sous-estimé par un facteur de 300 les risques encourus.
Si cette thèse est exacte, elle expliquerait les concentrations de cancers et de leucémies qui ont été révélées au nord du Pays de Galles, dans l'Essex, et près de Sellafield et dans le Cumbria. Mais la commission a été divisée par ces affirmations; certains soutiennent l'interdiction de publier tandis que d'autres protestent contre des actes de censure de l'Etat. .
Un scientifique nucléaire de haut rang a déjà démissionné en protestation, et la dernière réunion de la commission a failli dégénérer en pugilat.
Le rapport officiel de la commission – soutenu par la majorité – sera publié en automne. Il reconnaît que le risque est plus grand que précédemment admis, mais seulement par un facteur de 10.
Les avocats à DEFRA (le ministère de l'environnement) ont fait parvenir des courriers aux 12 membres de la commission en les prévenant qu'ils sont passables de diffamation s'ils incluent le rapport minoritaire de Bramhall et Busby.
Michael Meacher, qui en tant que Ministre de l'environnement en 2001, avait créée la commission est outré que les conclusions de tous les experts ne soient rendues publiques.
"J'ai écrit à Eliot Morley, l'actuel ministre de l'environnement pour demander des clarifications" dit-il.
La commission a été créée pour enquêter sur la validité des méthodes utilisée par le gouvernement pour évaluer les risques de cancer sur les résidants dans la proximité des centrales. Ces estimations avaient été basées sur des doses radioactives mesurées sur les victimes lors de la bombe utilisée à Hiroshima en 1945
Les doutes concernant ces données ne sont pas nouveaux, en partie à cause de leur anciennetés et en partie du fait que les victimes à Hiroshima avaient été exposées à des doses de radiation externe à la fois très intensive et de courte durée. En revanche, ceux qui habitent dans les alentours des centrales nucléaires subissent une autre forme de radiation – des doses faibles sur une longue durée du fait qu'ils l'ingèrent dans la nourriture et ils inhalent des particules contaminées.
Selon certains, une radiation de ce genre est proportionnellement plus dangereuse à cause de l'ingestion, ce qui peut occasionner des lésions dans les organes les plus fragiles du corps.
Conscient de la complexité scientifique du problème, Meacher a créé la commission qui comprenait des représentants de l'industrie nucléaire, des Verts, et des scientifiques indépendants. Il leur a demandé de faire état d'une large gamme d'opinions dans leurs conclusions y compris minoritaires.
Busby et Bramhall affirment que depuis le renvoi de Meacher le contrôle de la commission a été pris en main par les pro-nucléaires qui ont tout fait pour étouffer des opinions divergentes.
Selon Busby, "les bases même des ces calculs sont totalement erronées et par conséquent ceux qui habitent à proximité de Sellafield et d'autres installations ont été victimes de taux élevés de cancer et toutes sortes d'autres maladies." "Il se peut bien que d'autres membres de la commission et Delfra ne soient pas en accord avec notre rapport mais il est admissible qu'il ne soit pas publié."
D'autres membres de la commission ne l'entendent pas de cette façon. Ils font valoir que tous deux sont des anti- nucléaires virulents et ils prétendent que leur rapport est truffé d'erreurs.
"Les point de vue outranciers de ces deux personnes ont totalement polarisé la commission et ont conduit à des affrontements et des vociférations de colère et de frustration". dit l'un d'entre eux. "En fin de compte nous ne pouvons pas nous permettre d'être associés à ce rapport minoritaire qui est factuellement erroné. On l'a donc remis dans les mains des avocats.
Des craintes que la commission a été bâillonnée sont reprises par Marion Hill, scientifique de premier rang qui travail depuis 30 années dans la sûreté nucléaire.
Hill, qui souligne qu'elle ne fait pas partie du lobby des Verts, a démissionné de la commission au mois de février. Dans sa lettre de démission, elle accusait le président de la commission, le Professeur Dudley Goodhead et Ian Fairlie, autre membre du secrétariat, de peser sur la rédaction du rapport pour que les opinions de Busby et Bramhall soient marginalisés.
Hier elle a dit "Quand une commission scientifique ne peut pas faire état des désaccords d'ordre scientifiques il s'agit d'un véritable fiasco".