Comité Bandajevsky |
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Association « Enfants de Tchernobyl Bélarus »
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Yuri Bandajevsky
Contact :
Anne Guérin
22, rue de Milan 75 009 Paris
Tel : 01 53 25 10 40 Fax : 01 48 74 01 26
mail : anne.guerin@france-libertes.fr
Juillet 2003
Avec le soutien de :
YURI BANDAJEVSKY
En 1990, Yuri Bandajevsky jeune médecin biélorusse et docteur es sciences, anatomo-pathologiste, est nommé, à 33 ans, recteur de l’Institut de Médecine de Gomel dans le but de poursuivre ses recherches et de former de jeunes médecins. Gomel est située dans une zone fortement contaminée par l’explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986. Le professeur Bandajevsky le sait mais, depuis 1988, il a déposé de nombreux projets auprès de l’Académie des Sciences et du Ministère de la Santé pour étudier le rôle de la radioactivité sur les systèmes et les organes vitaux, notamment pendant la formation de l’embryon. Ainsi, son installation à Gomel lui permet à la fois de comprendre les mécanismes et les effets de la contamination et de venir en aide aux populations touchées. Pendant 9 années, l’Institut va faire un travail remarqué et le professeur Bandajevsky recevra cinq prix et médailles pour ses découvertes, reconnues par la communauté internationale.
Sa principale découverte concerne les effets du Césium 137 qui ne perd la moitié de sa radioactivité qu’au terme de 30 années et ne s'épuise complètement qu'après trois siècles. La particularité de cette radioactivité est qu’elle est ingérée quotidiennement en petites doses par la population locale car elle se retrouve dans les produits sauvages et cultivés, le lait, la viande, le poisson… Conscient de l’importance de sa découverte et des mesures qui peuvent être prises par les habitants des zones contaminées afin de prévenir une aggravation de leur état de santé, il décide de la rendre publique, animé par les seuls soucis de vérité, de prévention et de soin. En avril 1999, Yuri Bandajevsky et Vassili Nesterenko, fondateur de l'Institut de radioprotection indépendant "Belrad" qui vient en aide aux enfants des territoires touchés par les retombées radioactives (Annexe 1), sont invités par le Parlement biélorusse à faire partie d'une commission chargée de vérifier le Registre des doses et l'utilisation des fonds de l'État par l'Institut de médecine radiologique du Ministère de la santé dans ses recherches médicales sur les conséquences de l'accident de Tchernobyl. Leurs conclusions déplaisent aux membres de la commission proches du Ministère qui n’accorde de valeur scientifique qu’aux conclusions de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) de Vienne. Bandajevsky, Nesterenko et Stojarov, ex-directeur de l'Institut, signent un rapport séparé et l'envoient au Conseil de Sécurité du Belarus, responsable de la santé de la population. De son côté, Bandajevsky envoie un Rapport au Président Loukachenko, dans lequel il critique sévèrement l'orientation des travaux de l'Institut du Ministère et montre qu'un seul milliard de roubles sur 17 a été dépensé utilement en 1998 par celui-ci. Dans les semaines qui suivent, en mai 1999, trois commissions de contrôle du Ministère de la santé vérifient, coup sur coup, l'Institut de Gomel, sans trouver d'anomalies. Yuri Bandajevsky est alors arrêté à son domicile le 13 juillet 1999. Depuis, le nouveau recteur de l’Institut de Gomel a abandonné le programme de recherches initié par le professeur, en déclarant que ce programme n'était pas digne d'un établissement d'enseignement supérieur.
Yuri Bandajevsky est arrêté sous le coup d’un décret présidentiel contre le terrorisme. Il apprend au cours du mois d’août, après 22 jours d’isolement total dans un cachot, qu’il est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin pour l’admission d’étudiants dans son institut. Il reste 6 mois en détention préventive pendant lesquels il subit des violences physiques et psychologiques, et ne parvient à être libéré que grâce à une mobilisation internationale. Son procès s’ouvre le 13 février 2001. Alertés, des observateurs de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) y assistent et mettent en évidence plusieurs irrégularités au Code Pénal en vigueur en Biélorussie (Annexe 2). Le 18 juin 2001, le Tribunal militaire statuant sur l’affaire condamne le professeur à 8 ans de détention dans une colonie de régime restreint et ce, malgré le manque de preuves et le fait que le vice-recteur, également inculpé et qui l’a chargé, se soit rétracté avant le procès, disant qu’il avait agit sous la contrainte (Annexe 3).
A la suite d’une amnistie générale, le professeur Bandajevsky a bénéficié d’une réduction de peine d’un an. N’ayant pas le droit de faire appel, ses avocats s’adressent, en juin 2001, au Président de la Cour Suprême de la République de Biélorussie afin d’annuler la condamnation rendue par le Tribunal militaire. En avril 2002, Maître Pogoniaïlo, forme un recours près le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies. Néanmoins, il semblerait que la mobilisation internationale associative, citoyenne et surtout institutionnelle reste le mode d’action le plus efficace pour parvenir à la libération immédiate du professeur et pour lui permettre de reprendre ses recherches dès sa sortie de prison, car la situation sanitaire de la population ne cesse de s’aggraver.
Mobilisation internationale
Ainsi, dès son arrestation, la Fondation France Libertés s’est mobilisée en faveur de Yuri Bandajevsky. D’une part, en alertant les autorités françaises et biélorusses quant à sa situation et, d’autre part, en participant activement à la campagne de sensibilisation et de soutien au professeur.
De son côté, Amnesty International le déclare prisonnier d’opinion et demande sa libération immédiate et inconditionnelle (Annexe 4). En France, un réseau de 10 groupes d’Amnesty, s’est organisé. L’ensemble a déjà permis d’envoyer près de dix mille signatures à l’ambassade de Biélorussie à Paris ! Plusieurs sections étrangères d’Amnesty veillent aussi à l’avancée de ce dossier. Francis Perrin, président d’Amnesty France, et la coordination Biélorussie ont pu s’entretenir longuement avec l’ambassadeur en octobre 2002 et, ainsi, aborder le problème des droits humains dans le pays. Le cas de Yuri Bandajevsky - qui reste pour les autorités “ un grand scientifique, mais aussi un criminel qui doit purger sa peine ! ”- a été l’objet d’une discussion animée mais l’ambassadeur s’est dit prêt à poursuivre les échanges de points de vue lors d’une autre visite.
L’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-France), s’est jointe à la mobilisation en faveur du professeur Bandajevsky en diffusant un appel au mois d’août, diffusé auprès de 25 000 personnes qui se sont mobilisées pour relancer la pression sur les autorités biélorusses afin qu’elles libèrent le professeur. (Annexe 5)
La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD), association à but non lucratif agréée pour la protection de l’environnement, s’engage dans le soutien au professeur dès février 2001 (Annexe 6.). Tout comme France Libertés, la CRIIRAD entretient également un partenariat avec l’association française “ Les Enfants de Tchernobyl Belarus ”, dont le Vice-président est le professeur Nesterenko (Annexe 7).
En tant que scientifique, Yuri Bandajevsky bénéficie du soutien du Comité de Défense des Hommes de Sciences de l’Académie des Sciences de Paris, CODHOS (Annexe 8), de l’Association Européenne pour la Promotion de la Science et de la Technologie, EUROSCIENCE (Annexe 9) et du Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire (pour plus d’informations, voir le site de la Gazette nucléaire www.multimania.com/yvesrenaud/gazette). Ces organisations sont préoccupées, d’une part, par les violations des droits de l’Homme dont le professeur est victime et, d’autre part, par la perte scientifique que constitue sa détention ainsi que par la sérieuse détérioration de son état de santé qui, s’il n’y est pas mis fin rapidement, risque de l’empêcher de reprendre ses recherches à sa sortie de prison. Or, on note un intérêt croissant pour le résultat de ses travaux qui servent de base à certaines études en rapport avec les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Ainsi, l’European Committee on Radiation Risks (ECRR), commission d’experts indépendants, a utilisé les recherches du professeur, notamment sur le Césium 137, et a conclu à la nécessité de renforcer les normes de protection contre la radioactivité (Annexe 10).
Malheureusement, l’action des associations est limitée et l’intervention des institutions s’avère nécessaire. Le Parlement Européen a réagi dès mai 2001 en attribuant à Yuri Bandajevsky un « Passeport pour la liberté », traduisant ainsi son soutien au professeur et s’engageant à veiller au respect de ses droits fondamentaux (Annexe 11). La même année, à la suite de son procès, le Parlement a adopté une résolution mettant en évidence sa préoccupation quant au fonctionnement de la justice en Biélorussie et à la gestion de la situation sanitaire du pays (Annexe 12). Alors que les associations se heurtent souvent aux refus des autorités biélorusses, notamment lorsqu’elles désirent connaître les conditions d’incarcération du professeur (Annexe 13), conditions inhumaines qui visent, depuis son arrestation, à le détruire aussi bien physiquement que psychologiquement (Annexe 14), les représentants des institutions européennes ou nationales ne rencontrent pas ce type d’obstacle. Ainsi, le 10 juin 2002, des parlementaires du Conseil de l’Europe, en visite officielle à Minsk, ont tenu à le rencontrer en prison (Annexe 15). Leur visite a permis au professeur de bénéficier d’un changement de cellule passant d’une chambrée de 80 codétenus sans possibilité d’écrire à une chambre de 3 avec ordinateur. Ce qui apparaissait alors comme une amélioration s’est révélée être une sorte de piège. En effet, il n’a pas eu le droit de recevoir de visites pendant 3 mois. Cet isolement a fortement affaibli son état psychologique. Dans une lettre de son épouse Galina à l’Organisation des Nations Unies, elle rend compte de la détresse de son mari, qui a perdu toute confiance en lui ainsi que la volonté de poursuivre ses recherches (Annexe 16). Plus récemment, les ambassadeurs d’Allemagne et de France sont allés le visiter, exerçant ainsi une forte pression sur les autorités du pays. Néanmoins, les conditions de sa détention, la pression dont il fait quotidiennement l’objet ne cesse d’entamer son état de santé psychique. Lors de sa dernière visite, son épouse a retrouvé un homme touché par l’attention que lui porte la société civile internationale et plus particulièrement européenne mais de plus en plus déprimé et désespéré (Annexe 17).
Yuri Bandajevsky
a été emprisonné dans le but de l’empêcher de poursuivre ses travaux, d’en
divulguer le contenu et, ainsi, de sauver des vies. Cela va à l’encontre de
l’article 19 du Pacte International des Nations Unies, relatif aux droits civils
et politiques de 1966 qui englobe la liberté de la recherche. Cet article
reflète l’esprit qui a incité le Parlement européen à créer le prix Sakharov.
C’est pourquoi, le nom du professeur a déjà été évoqué pour la remise de ce prix
“ Pour la liberté de l’esprit ” comme l’ont déjà reçu Nelson Mandela en 1988,
Wei Jingsheng en 1996 et, en 2002, Oswaldo José Paya Sardinas. Par
ailleurs, l’opinion publique commence à être largement informée de l’injustice
dont est victime Yuri Bandajevsky. La dernière visite de son épouse Galina à
Paris en juin 2003, lors de laquelle elle a reçu le titre de citoyen d’honneur,
accordé à l’unanimité par le Conseil municipal à son mari, a été l’occasion de
la publication d’articles dans la presse nationale (Annexes 18 et 19).
Il est nécessaire que cette mobilisation se perpétue, se développe et se renforce. C’est pourquoi, un réseau de soutien, le “ comité Bandajevsky ”, s’est constitué rassemblant différentes organisations et les individus qui œuvrent pour le droit à la vérité et à la justice.
Les buts de ce comité sont de :
faire connaître cette affaire à un public aussi large que possible et susciter l’action des citoyens, des scientifiques et des responsables politiques. D’où l’initiative du Manifeste pour la libération de Bandajevsky et la liberté de la recherche qui a recueilli plus de 8.000 signatures à ce jour, dont bon nombre de personnalités scientifiques et politiques (Annexe 20) ;
promouvoir les actes symboliques comme ceux de la municipalité de Clermont-Ferrand, de Paris, de la Région Nord-pas-de-Calais qui ont élevé le professeur Bandajevsky au rang de “ citoyen d’honneur ” de leur Ville, ou tout au moins des “ motions de soutien ” comme celle de la ville de Grenoble ou de Mably…
relayer, à travers son site : www.comite-bandajevsky.org, toutes les expressions et les différentes composantes du soutien à Yuri Bandajevsky, Galina Bandajevskaya, Vassili Nesterenko et aux habitants des régions contaminées. Les textes sont disponibles en français et en anglais.