Comité Bandajevsky

Association

« Enfants de Tchernobyl Bélarus »

 

  

 

Annexe 5

  

 

Appel du mois d’août 2003 sur la Biélorussie

 

de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture.

 

 

 

  

Avec le soutien de :

 

-          L’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) France

-          Les Amis de la Terre.

-          La Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité (CRIIRAD)

-          La Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH)

-          Le Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire (GSIEN)

-          Le Réseau Sortir du Nucléaire

 


 

  

Appel du mois d’Août 2003

Biélorussie

 

L’indépendance de la Biélorussie est proclamée le 25 Août 1991. En 1994, Alexandre Loukachenko est élu à la présidence de la République et ne tarde pas à faire main basse sur la démocratie qui s’était progressivement installée.

En 1996, il réforme la Constitution et s’octroie la quasi-totalité des pouvoirs. Depuis, Loukachenko dirige le pays d’une main de fer et la situation des droits de l’homme n’a cessé de se dégrader.

Les organes de presse indépendants ont été fermés, de nombreuses personnalités de l’opposition ont été enlevées, d’autres ont été condamnées à de lourdes peines de prison pour diffamation sans procès. Les manifestations sont sévèrement réprimées par les forces de police. Les mauvais traitements, les brutalités policières dans les centres de détention sont monnaie courante. Le Comité contre la Torture des Nations unies, lors de l’examen du dernier rapport périodique présenté par la Biélorussie en 2000  s’est d’ailleurs dit « préoccupé par la persistance de nombreuses allégations concernant des actes de torture et d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants imputables à des représentants de l'Etat ou commis avec leur assentiment et qui affectent particulièrement les opposants politiques du gouvernement et des manifestants pacifiques ». En outre, la peine de mort est toujours appliquée dans le pays et le nombre d’exécutions reste élevé. Lors des élections présidentielles de 2001, le scrutin a été entaché de nombreuses irrégularités mais grâce au musellement de l’opposition, Alexandre Loukachenko « s’est succédé à lui-même » pour un nouveau mandat de 7 ans.

 Depuis, la Biélorussie est continuellement rappelée à l’ordre par la communauté internationale. La dernière Commission des droits de l’homme des Nations unies qui s’est tenue en avril dernier à Genève a adopté une résolution (E/CN.4/2003/L.38) condamnant la situation des droits de l’homme dans le pays et invitait notamment les autorités « à libérer les journalistes et autres personnes détenues pour des motifs politiques, et à cesser de harceler les ONG et les partis politiques ».

Dans ce pays où la liberté d’expression a été réduite à néant, tout citoyen qui ose s’exprimer courageusement contre le gouvernement en paie le prix fort. C’est le cas du professeur Youri Bandazhevsky.

Scientifique biélorusse de renommée internationale, spécialisé dans la recherche médicale liée à la radioactivité nucléaire, il a été condamné le 18 juin 2001 par la Chambre militaire de la Cour suprême de Biélorussie à huit ans de prison à régime sévère,  officiellement pour avoir reçu des pots de vins de ses étudiants. Il purge sa peine depuis deux ans maintenant dans une cellule de « la colonie de régime restreint » de la prison de Minsk, la capitale.

 

La catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) en 1986 a eu un impact dévastateur sur la Biélorussie car Tchernobyl se situe à la frontière immédiate et les nuages radioactifs se sont transportés principalement vers ce pays. Les problèmes de santé publique occasionnés par cette catastrophe sur la population sont considérables. Nommé en 1990 recteur de l’Institut de médecine de Gomel (ville proche des zones les plus contaminées), Youri Bandazhevsky, avec l’aide de sa femme Galina, après 9 années de recherches acharnées, va publier à la fin des années 90, une étude mettant en avant la relation entre la dose de  Césium 137 radioactif dans l’organisme et le développement de certaines pathologies anormales chez les enfants. De plus il va dénoncer également publiquement le détournement de fonds par le ministère de la Santé qui auraient dû servir à la recherche dans ce domaine.

Ces vérités sous la présidence de Loukachenko ne sont pas bonnes à dire pour des autorités qui prétendent à l’époque avoir réglé le problème ou qui cherchent volontairement, avec parfois l’aval des pays occidentaux à maintenir cachées les conséquences de Tchernobyl.


Youri Bandazhevsky dérange. Il sera arrêté en juillet 99 et incarcéré 6 mois en cellule d’isolement. Il sera ensuite relâché jusqu’au verdict du 18 juin 2001.

Le procès était joué d’avance, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a relevé huit infractions au Code pénal de Biélorussie ; aucune preuve n’a été apportée, le principal témoin à charge s’étant rétracté et ayant reconnu qu’on l’avait forcé à accuser le professeur Bandazhevsky.

Les conditions de détention du professeur Bandazhevsky ont été particulièrement difficiles notamment lors de sa détention préventive. Pour le faire avouer, il aurait fait l’objet de nombreuses humiliations, son état de santé déjà précaire (il souffre de problèmes cardiaques et d’ulcère) s’est aggravé.

Même si aujourd’hui les conditions de sa détention se sont améliorées (son avocat et sa famille parviennent à le rencontrer), son état de santé est toujours préoccupant. Le temps qu’il passe en détention l’aggrave de jour en jour.

 

L’ACAT avait reçu en janvier dernier la femme de Youri Bandazhevsky, Galina, qui nous avait fait part de son inquiétude sur l’état de santé de son mari.

 

Aujourd’hui nous vous demandons d’intervenir auprès du président de la République de Biélorussie pour lui demander la libération pure et simple de Youri Bandazhevsky au regard du caractère arbitraire de sa détention.

Vous pouvez également, si vous le souhaitez, écrire au professeur Bandazhevsky qui comprend le français pour lui témoigner votre soutien.

 

Lettre affranchie à 0,75 euros, intervenir jusqu’au 17 septembre 2003