Comité Bandajevsky

Association

« Enfants de Tchernobyl Bélarus »

 

 

 

 

Annexe 14 

 

Interview de Galina Bandajevskaya par Bernard Doray,

 

janvier 2003.

 

 

 

 

 

Avec le soutien de :

 

-          L’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) France

-          Les Amis de la Terre.

-          La Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité (CRIIRAD)

-          La Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH)

-          Le Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire (GSIEN)

-          Le Réseau Sortir du Nucléaire

 



 

INTERVIEW de GALINA BANDAJEVSKAIA

 par Bernard Doray, psychiatre, le 25 janvier 2003. Vladimir Tchertkoff (VT), qui a réalisé des documentaires autour de l’affaire Bandajevsky et qu’il connaît bien, assure ici la traduction.

 

ARRESTATION ET PREMIÈRE SÉQUESTRATION À GOMEL

 

Comment a eu lieu l’arrestation du professeur ?

Galina B: Les policiers sont arrivés dans notre maison vers onze heures du soir, et jusqu’à quatre heures du matin s’est déroulée une perquisition d’abord dans notre maison, ensuite dans son bureau de l’Institut. Puis, ils l’ont emmené et jeté dans un cachot dans lequel il est resté vingt-deux jours. Là, il dormait par terre, en se couvrant de journaux. La nourriture, c’était une fois par jour. Cette geôle mesurait deux mètres sur deux. Il la partageait avec un autre détenu, mais les autres détenus ne restaient que quelques jours. Il n’y avait qu’une espèce de petite ouverture sous le plafond. Le sol était totalement peint de couleur rouge, on ne sait pas pourquoi. Par la suite, tous ses vêtements sont restés rouges à cause de cette peinture parce qu’il dormait par terre. Il n’avait à sa disposition ni brosse à dents, ni rasoir, ni serviette.

 Et ce lieu, c’était quoi ? Une prison officielle ?

GB: C’est, littéralement, un isoloir provisoire dans le cadre de la structure policière. Là, on détient au maximum 2 ou 3 jours les petits délinquants. Mais il a été arrêté sur la base d’un décret du président Loukachenko contre le terrorisme et les organisations de grands criminels dangereux pour la société. Selon ce décret, les autorités ont le droit de détenir quelqu’un pour un maximum de 30 jours sans visite de l’avocat, sans rien. Avec ce décret, ils avaient le droit de prolonger cette incarcération pendant trente jours. C’était le début du mois d’août. Il faisait extrêmement chaud : 30°à l’ombre. Il a perdu vingt kilos en vingt-deux jours et il fallait le soutenir : il était sans force.

 

TORTURE PSYCHOLOGIQUE

 

GB: Avant de sortir pour la première fois, il y avait eu la procédure de lecture de l’acte d’accusation qui lui a été faite en présence de l’avocat. Il nous a raconté que pendant cette lecture, Yuri a été l’objet d’une très forte pression policière. On lui disait : « Si tu avoues, tu pourras rentrer chez toi, mais sinon… ta mère a déjà un pied dans la tombe, ta femme est malade, on a dû l’hospitaliser… ». Or pendant 22 jours, il n’avait pas eu de nouvelles.

C’était un très long interrogatoire. Lorsque les policiers lui ont lancé cette image terrifiante de sa mère mourante, de sa femme à l’hôpital et que s’il n’avouait pas, il resterait dans cette geôle de manière indéterminée, l’avocat l’a vu sur le point de céder. Il a eu le sentiment qu’il aurait suffi de lui mettre un stylo dans la main pour qu’il signe n’importe quoi. C’est à ce moment que l’avocat est intervenu, en disant aux policiers : « Mais qu’est-ce que vous êtes en train de faire ? Ce n’est pas légal, ce que vous faites. Vous vous rendez compte ? ». Il a osé dire ça]. Et grâce à cette intervention, Yuri s’est repris, parce qu’il a senti quelqu’un à côté de lui. C’était la première fois depuis le début de son enfermement qu’il a senti que quelqu’un le défendait.

 

SORTIE DE LA PREMIÈRE GEÔLE ET POURSUITE DE L’INCARCÉRATION À MOGUILEV

 

GB : C’est dans cette situation que l’avocat m’a appelée à la maison en me disant : « Fais-toi au moins voir de lui ! Viens jusqu’aux grilles de la cour, pour qu’il voit que tu existes, que tu n’es pas en train de mourir ». J’étais avec mes enfants, et on ne nous a même pas permis de nous approcher près de lui. Il avait une longue barbe à moitié blanche, il était complètement halluciné. Il a crié en nous voyant : « Vous ne m’abandonnerez pas comme tous les autres ! ». Et ils l’ont emmené dans le fourgon.

Pour nous, on l’avait emmené dans la prison «normale» de Gomel. Mais, le lendemain, l’avocat est venu dans la prison de la ville de Gomel où, selon l’ordonnance du procureur, il devait être détenu. Et là, on lui a répondu : « Il n’est pas chez nous, cherchez le, il doit être quelque part ailleurs… ». Nous avons appris, par la suite, qu’ils ont voulu prolonger, au-delà du délai «légal,» cette détention en isolement complet, pour tenter encore d’obtenir ce qu’ils voulaient. Et ils l’ont emmené dans une autre ville, à Moguilev, à 120 kilomètres de Gomel.

Là, ils l’ont mis dans la même sorte d’isoloir. À Moguilev, on l’a jeté dans une pièce à moitié mort, et quand il s’est repris, il a vu au-dessus de lui, dit-il, une espèce de colosse, avec un visage couturé de cicatrices, qui tenait un gobelet d’eau chaude et un biscuit, et qui lui disait : « Tiens, bois ça, ça te fera du bien ». Il  a su ensuite que c’était un voleur qui avait la charge de faire un peu le gardien, dans cette prison. Mais il avait compris que Yuri était dans un très mauvais état, et il a fait ce geste d’humanité qui a ému Yuri jusqu’aux larmes. Quand il a pris ce gobelet et qu’il a échangé des mots avec cet homme, il s’est rendu compte à quel point il se sentait faible et mal, complètement sans énergie.

 

CINQ MOIS ET DEMI D’INCARCÉRATION

 

GB : Son état de santé s’est tellement dégradé qu’il a dû être hospitalisé. Il a été placé dans un dortoir et était  constamment surveillé par des gardiens et des militaires qui se trouvaient à la porte et près de lui. Malgré cela, ils lui ont tout de même attaché un pied au lit avec des menottes ! Après son séjour à l’hôpital, il a été transféré à Minsk et c’est là où, pour la première fois, on m’a autorisée à le rencontrer. C’était cinquante jours après l’arrestation. On m’a fait entrer dans sa cellule avec un prêtre. Les rencontres se passaient dans un local de la prison. Il était déjà revêtu de cet uniforme noir des détenus, qui pendait sur lui comme sur un portemanteau. Quand il était près de moi, je le voyais comme quelqu’un qui ne s’orientait pas dans l’espace. Il ne comprenait pas pourquoi j’étais là, pourquoi il y avait le prêtre. Nous n’avons pas réussi à avoir une conversation. Il pleurait continuellement.

VT: C’est  une sorte d’antichambre de la prison.

GB: Là, on ne pouvait avoir que des rencontres par téléphone. Une fois par mois, à travers la vitre.

Combien de temps cela a duré ?

VT: Il a été arrêté le 13 juillet et il est sorti le 27 décembre. Cinq mois et demi.

 

L’ÉTAT DE SANTE DE YURI BANDAJEVSKY A SA SORTIE DE PRISON

 

GB: Il est sorti brisé, terrorisé, apeuré,. Il répétait au moins une centaine de fois par jour toujours la même phrase : « Est-ce qu’on me mettra encore dedans ? » Dans la rue, il avait continuellement l’impression d’être suivi. À la maison, il ne parlait qu’à voix basse. Et s’il voulait dire quelque chose de vraiment important, il s’isolait dans un coin de la maison, et il l’écrivait sur un bout de papier. Il ne voulait jamais aller à pied dehors. Il essayait d’éviter tout contact avec des personnes qui pouvaient le connaître.

Il pensait que tous étaient des gens qui l’avaient trahi. Il me disait : « Je ne veux pas de leur pitié (hypocrite) : «On est solidaire avec toi, Quel malheur! Toi, quel malheur ! Toi qui étais à ce poste … »  Donc, il évitait tout contact avec ses connaissances, ses amis, etc.

Et est-ce qu’il avait un peu de recul ? Est-ce qu’il pouvait parler du caractère « illogique » de certains de ses comportements ?

GB: À cette période, il était totalement immergé dans la situation. Il n’avait pas assez de distance. Ça nous mettait en colère, moi et les enfants. Mais j’ai compris, avec le temps, qu’il était totalement inutile de se mettre en colère. Ce n’était pas une espèce de complaisance de sa part. Cette phrase, « Que penses-tu ? est-ce qu’on me mettra encore dedans ? », ça se répétait cent fois en une journée. Par exemple, le soir, quand il allait se coucher , il disait : « je ferme les yeux, et je vois cette chambrée très étroite. On était huit dedans. Il n’y avait rien à faire : pendant toute la journée. Pendant tout le temps, ils étaient là ». Il disait  : « Je regardais ma main, pendant des heures ». C’était une espèce d’image associée, quand il se couchait le soir, et qu’il était revenu chez lui. C’était l’image obsessionnelle de cette main, que « je regardais pendant des heures quand j’étais là-bas. Et j’en ai marre de cette main. C’était à la couper. C’est toujours elle qui revient quand je ferme les yeux et que je pense à la prison ». C’est sans doute que la main, il fallait la placer quelque part., vue l’étroitesse…

Pendant tous ces mois, en fait, il n’a pas pu lire du tout ?

VT: Là où était Yuri, les détenus ne sortent qu’une demi-heure. Et « dehors », c’est en réalité un couloir avec une grille au-dessus : une sorte de couloir avec un ciel qui est au-delà d’une grille. Voilà, une demi-heure de respiration. À l’intérieur, ils font tout ensemble : laver le linge, fumer, faire ses besoins, préparer le repas. Bref, le quotidien, toute la vie, se passait là pour toutes ces personnes. Donc dans ce contexte, la lecture !… (rire).

GB: Les personnes occidentales ne comprennent pas ce que sont les prisons soviétiques. Ces prisons sont de vraies tortures. C’est une forme de torture, d’être condamné à vivre dans ce contexte. L’humidité, et tous ces gens qui fumaient… Il avait cette espèce de toux jour et nuit. Les avocats disent que c’est une forme de torture, ce genre de détention. Nous nous sommes mis à exiger qu’on le transfert dans une chambrée où les gens ne fument pas, mais ça n’existe pas. Il y avait un lit pour trois personnes, alors ils dorment en faisant entre eux un roulement. Ils se contaminent les uns les autres. Les bactéries et l’humidité font des furonculoses. Quand il est sorti au bout de ses six mois, tout son corps était couvert de pustulences.

Yuri  ne parlait pas de suicide, mais il disait : « Je ne supporterais pas ».

 

REPRISE DE SES ACTIVITÉS SCIENTIFIQUES PENDANT LA PÉRIODE DE LIBERTÉ CONDITIONNELLE AVANT LE PROCÈS  (27 déc.1999–18 juin 2001)

 

GB : Pendant un an et demi, il a été assigné à résidence : d’abord dans le territoire de la ville, puis à tous le pays. Au cours de cette période, il n’a jamais été convoqué pour des interrogatoires. Trois–quatre mois après cette libération, j’ai commencé à voir qu’il reprenait des traits humains. Sa peur se dissipait. Il s’est remis à ses recherches. Il s’est remis à élever des hamsters syriens chez lui, dans la baignoire, pour faire des expérimentations. Il a fait tout un travail qui a été publié entre les deux incarcération. Mais parallèlement, il continuait à se tenir à distance de contacts avec les personnes.

Il avait des contacts avec l’Institut ?

GB: Il ne voulait plus. Par  contre, il recevait avec un grand plaisir les journalistes, les visiteurs, les médecins qui venaient de l’étranger.

A la veille du procès lui-même, il m’a semblé qu’il était pratiquement revenu à ce qu’il avait été avant. Il s’était en quelque sorte habitué à son nouveau statut, qui n’était plus le statut du Directeur, mais qui lui permettait de continuer ses recherches...

 

ILLUSIONS ENVERS LA JUSTICE.

 

GB: Les juges d’instruction ne l’inquiétaient plus. Il s’occupait de son travail bien-aimé. On avait l’impression qu’une certaine sérénité s’était installée dans son esprit. Et c’est dans cet état d’esprit plutôt bon qu’il a abordé le Tribunal.

Est-ce qu’il a essayé d’intervenir pendant l’instruction : savoir ce que faisait le juge d’instruction?

GB: Il avait une espèce d’inertie pour cette question-là. Il était tellement convaincu de son innocence…

VT: Evidemment, cela arrive fréquemment. Il était indifférent à l’aspect judiciaire. Convaincu de son innocence, il avait confiance et était persuadé que le jugement lui donnerait raison.

GB: Il a abordé le procès avec beaucoup d’optimisme . Il était convaincu qu’il réussirait à démontrer son innocence. Il participait très activement pendant le procès. Il posait beaucoup de questions, il prenait note de tout. Il avait une attitude scientifique: cette distance rationnelle, recueillir toutes les déclarations contradictoires des témoins. Il n’avait pas une confiance entière dans l’efficacité de l’avocat. Il était certain que sa défense ne tenait qu’à lui. L’avocat se nourrissait des analyses qu’il faisait pendant son instruction et son procès, et il les a utilisées ensuite dans sa plaidoirie.

Il a eu un premier ébranlement sérieux seulement quand le Procureur a demandé au tribunal neuf ans de détention. Cela l’a déstabilisé, il a été pris de panique. Il se jetait d’un mur à l’autre. Il était loin d’imaginer une telle décision de justice.

 

UNE INTERPRÉTATION TRÈS EN DEÇA DES ENJEUX EN CAUSE

 

Dans le film[1], on est frappé par l’inquiétude de Galina qui a envisagé la possibilité de la prison, alors que Yuri ne s’en doutait pas. Or, à présent, avec le recul, on comprend cet acharnement. Mais est-ce que vous, Galina, vous étiez consciente depuis le début de l’importance des forces en présence, et est-ce que lui, Yuri, en a pris conscience pendant son procès ?

 

GB: Il était convaincu qu’il était calomnié par des personnes qui avaient pu être offensées par sa gestion de l’Institut, que c’étaient des vengeances et des rivalités : une calomnie locale.

VT: Il ne pensait pas que c’était sa science qui était la cause fondamentale de tout ce qui se passait.

GB: Je suis la première à avoir compris la gravité de la situation. La première émission de télévision à son sujet réalisée sur ses recherches (en janvier 1999) m’avait fait pleurer. Quand j’ai vu le film, qui a eu un grand succès sur la télévision d’état, et que le réalisateur m’a appelée, je lui ai dit : « Quand on lui mettra les menottes, Galina Bandajevskaia, elle, restera toute seule. Donc n’attendez pas de ma part des applaudissements et du bonheur après cette diffusion ». Tout le monde se fichait de moi. C’était « une panique de bonne femme ».

 Quelle analyse faisiez-vous alors ? Pourquoi étiez-vous si convaincue du danger ?

GB : Je prenais conscience de la lâcheté, des silences, de la peur. On ne s’intéressait pas aux résultats de ses recherches : la corrélation entre la radioactivité du Césium et les pathologies.

 

UNE PRATIQUE TRÈS VERTUEUSE DE SA CHARGE

 

GB : A propos de ce dont on l’a accusé, à savoir de  favoriser pour de l’argent des inscriptions, nous avions une parente qui désirait beaucoup rentrer dans l’Institut. J’en ai  parlé à Yuri qui m’a répondu : « Si tu veux me parler de ces questions là, ne m’approche même pas ! ». De la même façon, notre fille, la plus grande, qui est médecin maintenant, avait fini ses études avec la médaille d’Or. Dans son cas, il fallait trois examens pour rentrer à l’Institut. Mais quand on finissait ses classes avec une telle distinction, on pouvait y rentrer avec un seul. Yuri lui a malgré tout fait passer les trois examens. De la même façon, il l’a obligée à faire les trois années d’étude au lieu d’une seule comme elle pouvait le faire. Quand elle le lui a reproché, il lui a dit : « Tu ne dois pas me faire honte par ton ignorance » ! Elle devait savoir toutes les matières.

 

ÉVOLUTION DE LA SITUATION PSYCHOLOGIQUE DE YURI BANDAJEVSKY :

 En juin 2002, des représentants du Conseil de l‘Europe viennent lui rendre visite dans sa prison. Il est alors transféré d’une chambrée de 60 détenus  à une chambre à trois qui fait partie de l’Hopital de la prison. Trois mois après, Galina découvre un homme méconnaissable physiquement et psychiquement. Elle a fait une démarche auprès de la commission des Droits de l’Homme de l’ONU en septembre.

GB : Lorsque je l’ai vu en septembre, j’ai noté qu’il était devenu humainement plus dur. De par sa nature, c’est un homme tendre, émotionnel, un homme bon. A présent, il semble froid, étranger, et la vie au-delà de cette prison ne l’intéresse plus. Quand on lui raconte quoi que ce soit de la vie externe, que ce soit de la vie de la famille, ou du travail, ou de la vie politique et sociale du pays, ça ne l’intéresse pas. J’ai l’impression qu’il se protège contre le monde qui lui est refusé. Pendant les visites, il parle tout le temps. Au cours de la même conversation, les périodes de grande agitation sont suivies d’une dépression totale : « Je ne peux pas parler beaucoup… », et en même temps, il ne laisse pas l’autre parler. Il devient pâle, il se couvre de sueurs froides. C’est pour ça qu’il dit : « Ecoute ! Je te parlerais tant que j’ai l’énergie de te parler, et quand je serai fatigué, tu pourras parler. » Ensuite, il pleure. Lors de notre dernière rencontre, je lui ai dit : « Je ne vois plus dans tes yeux le reflet de la vie ».

Il me répète qu’il lui est très difficile de supporter cet isolement. J’ignore s’il aura l’énergie de supporter cela encore longtemps.

 

METHODES DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Yuri apparaît-il comme une personne pouvant défendre une cause totalement fausse avec une énorme passion ?

 

VT: Galina a toujours rappelé qu’il vérifiait toujours scientifiquement et cent et une fois, avant d’affirmer une chose. Il avait une analyse, une rigueur. C’est le seul qui ait unifié trois pistes différentes pour le même objectif scientifique, avant de pouvoir apporter une conclusion : des pistes cliniques, histologiques, et expérimentales. Tout cela, afin de vérifier ses hypothèses, ses découvertes à toutes les étapes de son raisonnement.

Il ne parle que de ce dont il est sûr, il n’est sûr d’une hypothèse qu’après l’avoir vérifiée plusieurs fois, de plusieurs façons différentes. Malgré cela, on le présente comme un fou. Une de ses élève, qui est maintenant nommée Directrice à la place de Yuri, dit que toute cette affaire (à laquelle elle doit sa rapide promotion : N.D.L.R.), n’est que « le délire schizophrénique de Bandajevsky »…

GB: Il faut dire qu’il n’était pas toujours simple à comprendre. On disait : « un homme normal n’irait pas avec sa famille s’installer à Gomel. Un homme normal n’élèvera pas des hamsters et des rats dans son appartement. Un homme normal n’emmènera pas sa femme dans les villages contaminés. Un homme normal ne peut pas travailler dix ans sans aller en vacances.».

 Quelle est votre réponse ?

VT: La réponse correspond à la publication de ses démonstrations scientifiques. C’est ce qui vient de s’achever et qui sera présenté à l’Université de Bâle le 15 février (2003). C’est une démonstration suivant les protocoles internationalement exigés. Nous avons filmé une partie de ces travaux, notamment,  la démonstration  de l’efficacité de l’absorbant à base de pectine, qui abaisse le taux de radioactivité dans l’organisme. L’organisme, avant la prise de cet absorbant, est ausculté et étudié sur électrocardiographe. Ensuite, on prend la mesure sur l’enfant au bout de quinze jours de prise de pectine de nouveau sur le spectromètre de rayonnement humain, et on constate qu’il y a un abaissement significatif du taux de radioactivité par rapport au groupe contrôle qui ne reçoit pas la pectine. Parallèlement, Galina l’ausculte à nouveau, en tant que cardiologue, et constate une rémission et une réversibilité de la pathologie cardiaque qu’elle avait observée au départ. Lorsqu’elle ausculte l’enfant, elle ne sait pas combien de radionucléides il a : les résultats sont cachetés, secrets, et mis au coffre-fort. Après quoi un Comité éthique et les statisticiens les confrontent. On observe que la pectine élimine la radioactivité de l’organisme et que celui-ci, en deçà d’un certain seuil de radioactivité se rétablit. Et tout cela est fait selon une méthode scientifique universelle.

Mais Yuri n’a pas été attaqué sur la science. Alors, il ne confesse pas les bassesses qu’il n’a pas commises et qu’il ne commettait pas avec ses familiers, qu’il faisait plutôt souffrir pour être rigoureux. Par ailleurs, il reste persuadé d’avoir fait honnêtement son travail de chercheur et il y croit toujours en ce qu’il a découvert à moins qu’on ne lui démontre son erreur.

 

[1] Il s’agit de l’interview de Youri et Galina , film réalisé en avril 2000 par Tchertkoff