LETTRE DU COMITE AU PRESIDENT CHIRAC


 

 

 

Maryvonne David-Jougneau

Philosophe et sociologue

Grenoble, le 15/10/2002

1 Chemin Guilbaud

38.100 GRENOBLE

FRANCE

04 76 63 88 38

e-mail : mar.davidjougneau@free.fr

 

 

 

 

Monsieur le Président de la République

 

 

 

Il y a un peu plus d’un an, vous vous êtes penché sur le sort du Professeur Youri Bandajevsky, scientifique biélorusse renommé (1), qui venait d’être condamné à 8 ans de prison à régime sévère pour des motifs et dans des conditions que tous les observateurs des Droits de l’Homme ont dénoncés. La France, par l’intermédiaire de son Ambassade et au sein de l’Union européenne œuvrait pour la “révision de la condamnation” et vous lui proposiez l’asile politique, une fois libéré (2).

           

            Nous savons que des démarches ont été effectuées en sa faveur.  Le 10 juin 2002, Mr. W. Behrendt à la tête d’une délégation du Conseil de l’Europe a tenu à rencontrer Youri Bandajevsky dans sa prison. Celui-ci est alors passé d’une chambrée de 80 détenus à une chambre à trois, avec T.V. et ordinateur... Il se réjouissait et nous nous réjouissions avec lui de cette amélioration qui semblait de bonne augure.

           

            Mais fin août, sa femme Galina, elle-même médecin, qui le revoie pour la première fois, découvre un homme complètement anéanti physiquement et psychiquement. La chambre en question fait partie de l’ère de l’Hopital et le comportement du prisonnier laisse à penser qu’il a été “psychiatrisé”.  Par des pressions insupportables, on tente de lui faire reconnaître une culpabilité sur de forfaits qu’il n’a pas commis. Galina comme son avocat Baranov pensent que, dans son état, il n’en a pas pour un an à vivre.(3)

             

            En tant que Comité de soutien en collaboration avec de nombreuses associations nous lançons une campagne de “lettre à Loukatchenko” pour demander l’”amnistie individuelle” afin de faire sortir Youri Bandajevsky le plus rapidement possible de son enfer (4). Nous remettons à plus tard la révision du procès et sa réhabilitation, toutes deux nécessaires pour rendre à cet homme sa dignité.

 

            Récemment, vous avez célébré Zola l’écrivain mais aussi l’auteur de “J’accuse”. Tous ceux qui se penchent sur “l’affaire Bandajevsky” pensent qu’à bien des égards les réels motifs de sa mise à l’ombre ne sont pas plus avouables que celle de l’Affaire Dreyfus L’Histoire, sans doute, le montrera (5).

 

            Youri Bandajevsky, s’adressant aux scientifiques réunis le 28 Mars 2002 à l’Assemblée Nationale, pour un colloque sur ses recherches et celles de Nesterenko, terminait son Appel ainsi : « La vérité doit être entendue. Selon moi, là est la tâche principale des hommes qui ne sont pas indifférents au destin de l’humanité tout entière » (6)

           

C’est parce que nous pensons que vous faites partie de ces derniers que nous nous adressons à vous afin que vous demandiez pour Youri Bandajevsky, au nom de la France, l’ « amnistie individuelle » que le Président Loukatchenko a le pouvoir d’octroyer rapidement.  À la fois pour sauver cet homme de  grande valeur mais aussi pour refuser que la Justice et la Vérité ne soient bafouées honteusement, en ce début du XXIème siècle, par un silence complice.

 

            Vu l’urgence d’une action en sa faveur, nous vous demandons de bien vouloir nous recevoir  en même temps que les représentants des Amis de la Terre. En attendant votre réponse nous vous prions d’agréer l’expression de nos plus respectueuses salutations.

 

 

Pour le Comité Bandajevsky

 

 

joints :

 

1)      Curriculum  du professeur Bandajevsky

2)      Lettre de la Présidence de la République à Mme S. Fernex en date du 8 août 2001

3)      Lettre de Galina Bandazhevskaia, du 6 septembre 2002

4)      Lettre à Loukatchenko

5)      Allocution à la conférence du 2 octobre au Musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble

6)       Appel de Youri  Bandajevsky aux participants du Colloque du 28 sept. à l’Assemblée nationale