Wladimir Tchertkoff

   

"ENFANTS DE TCHERNOBYL BELARUS"

20 rue Principale, 68480 Biederthal (France)

e‑mail : s.m.fernex@wanadoo.fr

 

La recherche scientifique en relégation

 

 

Situation de Youri Bandajevsky à Peskovtsy 

Avril 2005

 


 

Avec les hauts et les bas psychologiques de tout un chacun, la moral de Youri Bandajevsky est excellent. Le soutien international, qui s'élargit de plus en plus dans la société civile et dans les institutions publiques les plus proches des citoyens, l'a sauvé du découragement, le protège contre l'hostilité de ceux qui voudraient le faire plier, et lui donne l'espoir de pouvoir reprendre dans un proche avenir son travail de chercheur, qui est le sens de sa vie. C'est en résumé ce qu'il m'a dit tout à l'heure au téléphone, en me priant de transmettre son "immense" gratitude et son amitié aux homme et aux femmes qui, à un certain moment, ont réellement pensé à lui et ont fait le geste de soutien qui le protège. Il promet de ne pas les trahir, car ce serait se trahir lui-même. Personne ne se sauve seul.

     Le moral est excellent, mais la santé de Youri Bandajevsky est sérieusement compromise. Ceux qui l'ont soumis à la torture morale et physique depuis 1999 en portent l'entière responsabilité, aggravée par les raisons qui les ont guidés et les guident : l'empêcher de porter à la connaissance du monde ce qu'il a observé et décrit en 9 ans de recherches scientifiques rigoureuses; de discuter avec ses pairs les mécanismes biologiques qui expliquent la catastrophe sanitaire chez les populations biélorusses atteintes par la contamination interne de radioactivité à faibles doses, suite à l'explosion de la centrale de Tchernobyl. 

Le diagnostic de la santé de Bandajevsky reste le même et, en l'absence d'un suivi clinique régulier, il ne s'améliore pas avec le temps. En automne, à Minsk on lui a découvert une métaplasie focale de la muqueuse de l’intestin et de l’estomac considérée comme une maladie précancéreuse. Selon les données des statistiques dans le domaine médical cette maladie se transforme rapidement en cancer de l’estomac si elle n’est pas convenablement traitée et suivie par les médecins. Ce mal suppose qu’il faut procéder une fois tous les trois mois à une fibro-gastroscopie diagnostique de l’estomac avec biopsie de la muqueuse, à des consultations chez l’oncologiste et le gastroentérologue. Bandajevski est actuellement traité par des ferments de remplacement sans lesquels sa nourriture n’est ni digérée, ni absorbée.  

En outre, Youri Bandajevsky aurait besoin d'un diagnostic sérieux dans une clinique spécialisée pour la question des tendons et des ligaments. En novembre 2004 il a été opéré pour rupture du tendon du biceps de l’épaule gauche sans que l’on ait pu déterminer la cause de la détérioration des ligaments. La lésion de l’appareil ligamentaire se manifeste également à hauteur des articulations tibio-tarsiennes. La marche est entravée et douloureuse. Selon le traumatologiste ce processus peut conduire à l’atrophie et à la rupture des tendons même lors d’un effort physique insignifiant. Ces altérations pathologiques dans l’organisme sont dues à un trouble du métabolisme mais pour pouvoir traiter correctement ce mal et aider réellement le malade il faut commencer par en déterminer la cause. Cependant Bandajevski ne dispose pas de cette possibilité aujourd’hui. Seule une commission médicale après un examen approfondi pourrait définir la gravité de son état. 

Galina Bandajevskaya a exposé tout cela au ministre de l'Intérieur Naumov, qui lui a fait répondre par le directeur du département d'exécution des peines, Kovtchour, que si Bandajevsky veur se faire soigner il n'a qu'à se faire hospitaliser à l'hôpital de la prison. Bandajevsky n'accepte pas le contrôle médical dépendant du contrôle policier. 

Comme n'importe qui, Bandajevsky est sensible et réactif à la violence subie et à la provocation. Dans ses conditions, la répercussion sur la santé est directe et difficilement évitable. Même s'il a la perception lucide du contexte, il n'a pas la distance suffisante pour atténuer le coup. Car la pression des sbires continue sur lui périodiquement dans l'espoir d'obtenir finalement une "confession", qui les justifierait. On l'inquiète, on le tourmente et on le provoque de multiples façons. Dernièrement on l'a convoqué à la direction du camp pour lui intimer brutalement et avec des menaces (retourner dans le camp) l'ordre d'écrire une lettre, par laquelle il renoncerait définitivement et complètement à l'assistance de l'avocat Garri Pogoniailo, dirigeant du Comité Helsinki de Minsk et détesté par Loukachenko. Bandajevsky a resisté dans une dure confrontation et n'a accepté de signer que sur l'inutilité de recevoir en ce moment une visite de Pogoniailo dans son lieu de relégation. Mais il a maintenu que Pogoniailo continue à le représenter auprès du Comité des Droits de l'Homme à Genève, où une plainte est déposée. Suite à ce conflit Bandajevsky a eu de fortes douleurs au cœur et dans le dos : reflet neurologique (radiculite) sur l'altération dystrophique des disques de la colonne vertebrale. 

Bien qu'en relégation les détenus aient le droit de recevoir des visites, on rappelle continuellement à Bandajevsky et aux visiteurs qu'il est un reclus. Au début de mars, un réalisateur documentariste de télévision, en mission au Bélarus pour "TV5", a rempli toutes les conditions et a obtenu l'autorisation de rencontrer Bandajevsky avec son équipe de tournage. Arrivés à peu distance du village de Peskovtsy, les visiteurs ont été bloqués par un coup de téléphone, qui annulait l'autorisation. 

         C’est dans ce contexte que la visite des ambassadeurs rompt pour un moment  cet isolement.

 

Visite de l’Ambassadeur de France Stéphane Chmelewsky et de l’Ambassadeur d’Allemagne Martin Hecker au professeur Bandajevsky

 Le 22 mars 2005, l’Ambassadeur de France en République de Biélorussie Stéphane Chmelewsky et l’Ambassadeur d’Allemagne en République de Biélorussie Martin Hecker, accompagnés de leurs épouses respectives, ont rendu visite au professeur Youri Bandajevski qui se trouve actuellement dans le village de Peskovtsy, lieu de sa relégation qu’il ne pourra quitter avant d’avoir purgé la totalité de sa peine. Les deux Ambassadeurs en ont profité pour rencontrer le même jour la mère du professeur Bandajevsky, âgée de 79 ans, qui séjourne également à Peskovtsy.

 Au cours de cette visite, les Ambassadeurs ont discuté avec le professeur Bandajevsky de ses problèmes de santé et notamment de l’actuelle insuffisance de l’assistance médicale dont il est victime.

Ils ont par ailleurs souligné l’attention et le soutien croissants de la part de la France et de l’Allemagne à son endroit, exprimant le souhait de voir les autorités biélorusses annuler dans les plus brefs délais la condamnation à l’encontre du professeur Bandajevsky ou du moins de modifier celle-ci de telle sorte que le professeur puisse bénéficier d’une assistance médicale aussi efficace qu’elle peut l’être à l’étranger. Enfin, ils ont insisté sur l’idée de lui permettre de poursuivre ses recherches scientifiques.

 La visite des deux Ambassadeurs a eu lieu à la demande de leurs gouvernements respectifs. Les publics français et allemand suivent avec une grande attention le sort de Youri Bandajevsky, ainsi que la manière rendant possible ses recherches ultérieures sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.  Une photo de Youri et des deux ambassadeurs est sur le site de l’ambassade:

http://www.ambafrance-by.org/article-imprim.php3?id_article=592

 

 Colloque et projets scientifiques 

         Au cours d’un Colloque international, les 1er et 2 avril, organisé par la CRIIRAD sur la prévention des risques (Contaminations radioactives et protection des populations : les enseignements de Tchernobyl) et sous  l’égide du Conseil Régional de la Région Rhône Alpes, les recherches des Bandajevsky sur les faibles doses ont été exposées en particulier par Galina Bandajevskaïa et par le Pr. Nesterenko.

Le Pr. Lazjuk et le docteur Baverstock (l’épidémie de cancers de la thyroïde) et le Pr. Goncharova (génétique et cytologie - le résultat des observations conduites sur les animaux et les êtres humains), ont présenté leurs travaux sur les conséquences médicales de l'accident de Tchernobyl.

Les Pr. Okeanov (l’augmentation des cancers chez les victimes de Tchernobyl - liquidateurs et populations) et Titov (les effets des rayonnements sur le système immunitaire des enfants) étaient également invités. Dirigeants d'instituts d'État du Belarus, ils n'ont pas été autorisés par le minisre de la Santé de leur pays à venir à ce colloque international.

 

Projet d’un laboratoir Bandajevsky-CRIIRAD à Minsk 

     Mardi 5 avril 2005  a eu lieu dans les locaux de la CRIIRAD à Valence, la signature d’un contrat de travail entre le docteur Galina Bandazhevskaya, médecin pédiatre et cardiologue, épouse du Professeur Youri Bandazhevsky (BELARUS) et la CRIIRAD représentée par son président Roland Desbordes (FRANCE)

     « L'objectif est de permettre la poursuite des recherches du professeur Youri Bandazhevsky sur les effets sanitaires des incorporations chroniques de produits radioactifs (en particulier les effets du césium 137 sur la santé des enfants). Cette question est en effet cruciale. Au Belarus, en Ukraine et en Russie, des millions de personnes vivent aujourd’hui encore dans les zones contaminées par Tchernobyl et sont contraintes de s'alimenter avec des denrées contaminées. »

« Le cœur du projet " Bandazhevsky-CRIIRAD " est l'installation, à Minsk, d'un laboratoire de recherches bio-médicales, qui sera constitué sur les mêmes principes d'indépendance et de transparence que le laboratoire de radioécologie que la CRIIRAD a installé en 1986 à Valence. Il sera dirigé par le docteur Galina Bandazhevskaya en attendant la libération du Pr. Youri Bandazhevsky. »

 Pour le financement de ce projet s’adresser à la CRIIRAD : www.criirad.org

 

Actions pour la libération de Bandajevsky  

            Dans ce contexte, la lutte pour la libération de Bandajevsky reste plus que jamais à l’ordre du jour...

 Une action internationale des académies  des sciences semble prendre forme à la suite de l'appel du comité Bandajevsky:

http://www.comite-bandajevsky.org/action/lettre_academie_sciences.htm

 

    Le comité a été contacté par "The Royal Society" et par "l'Institut de France". François Jacob, au nom du CODHOS, a écrit le 14 mars  à Loukachenko: « Considérant le nombre d'années de détention déjà effectuées par le Professeur Yuri Bandazhevsky dans des conditions très difficiles, et restant convaincu que celui-ci n'a fait qu'exercer son droit à la liberté d'expression, tel que défini à l'article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, le CODHOS vous demande une nouvelle fois de bien vouloir user de votre influence en faveur de la libération de ce scientifique...”

En France, le Comité Bandajevsky propose de contacter ou recontacter les collectivités territoriales ( 25 municipalités, Conseils généraux etc.) en leur proposant de faire une démarche de protestation auprès de Loukachenko, en leur demandant d’en assurer l’écho dans les médias régionaux.

            Venant renforcer l’action de la « lettre à Naumov », proposée dans les Nouvelles de Relégation N°6, cet écho, multiplié et envoyé à l’Ambassade de Biélorussie à Paris, peut montrer  à Loukachenko que l’affaire Bandajevsky, loin de s’étioler,  concerne de plus en plus de gens. 

On  suggère également  de demander aux journaux locaux de publier la « lettre  ouverte de Bandajesvsky » du 23  mars 2005

 

 Nous réactivons la pétition  qui reste à l’ordre du jour : 

« Nous demandons aux autorités du Belarus que le Professeur Y.Bandajevsky  retrouve, le plus rapidement possible, sa place dans la communauté scientifique, avec la liberté de circuler à l’étranger. Qu’on lui rende ce qui lui a été confisqué et qu’on lui donne les moyens de sa recherche, en levant  toutes les sanctions contre lui. »

  À renvoyer au Comité Bandajevsky, 1 chemin Guilbaud, 38.100 GRENOBLE.

 

Soutien Financier : 

         Enfin, les frais de relégation de Youri (location de l’isba, nourriture, voyages de la famille etc.) - qui s’élèvent à 550 euros par mois - restent assurés par l’ONG : « Enfants de Tchernobyl Belarus », c'est à dire par vos dons (c/o M. et S. Fernex, 68480 – Biederthal, en mentionnant au dos « Fonds Bandajevsky ») , déductibles des impôts .

 

Pour toute information : s.m.fernex@wanadoo.fr

 

http://www.comite-bandajevsky.org/accueil.htm