RAPPORT SUR L'UTILISATION DES FONDS DE L'ETAT

BIELORUSSE POUR TCHERNOBYL


Concerne :
   Le Contrôle de l'efficacité des recherches scientifiques à l'Institut Scientifique de Recherches Cliniques de la Médecine des Radiations et d'Endocrinologie Sur la base des plans des travaux de recherche de 1998

 




Les sujets analysés :

- le thème 3.2.1 : "Etude des influences des conséquences radiologiques de
la catastrophe de Tchernobyl sur la santé des gens, élaboration des méthodes
et des moyens de diagnostic, de traitement et de prophylaxie des maladies,
pour diverses catégories de victimes", dirigé par le professeur A.G.Mrotchek;

- le thème 3.2.5 : "Optimisation du système des mesures de préservation de
la santé de la population atteinte et élaboration des moyens d'amélioration
de l'efficacité", dirigé par le docteur en médecine L.N.Roussiaeva ;

- le thème 3.1.4 : "Elaboration et fondement pour l'application de mesures
augmentant la protection de la population de Biélorussie, suite à
l'irradiation pendant la période de reconstruction, après la catastrophe de
Tchernobyl", dirigé par le professeur Ya.E.Kenigsberg.

Selon les documents présentés, le thème 3.2.1 : "Etude des conséquences
radiologiques de la catastrophe de Tchernobyl sur la santé des gens,
élaboration des méthodes et des moyens de diagnostic, de traitement et de
prophylacxie des maladies pour diverses catégories de victimes", consistait
en 1998 en 22 programmes, avec un financement global de 13.024,0 millions de
roubles.

On a consacré aux maladies de la thyroïde 7 programmes (financement global
de 3.521,5 millions de roubles).

On a étudié l'augmentation du nombrre des nouveaux cancers chez les
liquidateurs de la catastrophe à la Centrale de Tchernobyl et dans la
population des territoires contaminés par les radionucléides dans deux
sections (financement global de 1.400,0 millions de roubles).

Les recherches génétiques et cytogénétiques en 1998 ont représenté en 1998
quatre programmes (financement global de 1.500,0 millions de roubles).

Les autres programmes concernent :

- des recherches hématologiques (financement de 400,0 millions de roubles),

- l'étude de la santé des enfants des liquidateurs des conséquences de la
catastrophe de Tchernobyl (financement de 550,0 millions de roubles),

- l'étude des particularités des maladies du foie chez les liquidateurs des
conséquences de la catastrophe de Tchernobyl et dans les populations
déplacées (financement de 250,0 millions de roubles),

- le statut immunitaire (financement de 300,0 millions de roubles),
l'évolution de l'ulcère peptique chez les liquidateurs (financement de 400,0
millions de roubles),

- l'étude de l'évolution du statut psychosomatique des liquidateurs et de la
population déplacée (financement de 300,0 millions de roubles),

- l'étude des particularités cliniques et pathogénie des altérations
circulatoires chez les liquidateurs (financement de 200,0 millions de
roubles),

- l'élaboration de principes pour la création de blocs particuliers de
paramètres de base des systèmes géographiques d'information pour l'analyse
du risque (financement de 1254,0 millions de roubles),

- l'étude de l'état des systèmes essentiels de l'organisme des participants
à des essais nucléaires, résidant en Biélorussie (financement de 250,0
millions de roubles).

La règle exige que toute réalisation d'étude soit suivie de rapports
scientifiques. En plus, pour le thème 3.2.1.0.1 on souhaiterait un protocole
pour les établissements du Ministère de la Santé; pour le thème 3.2.1.0.2;
une demande de brevet et des recommandations méthodiques pour les thèmes
3.2.1.0.6, 3.2.1.12, 3.2.1.15 et 3.2.1.20; enfin des recommandations
méthodiques et des programmes pour le thème 3.2.1.21.

Il est nécessaire d'analyser l'adéquation entre les titres de certains
programmes, les formulations de leurs objectifs et de leurs buts et leurs
conclusions. Nous avons bien entendu évalué les matériaux et les méthodes,
en tenant compte des moyens financiers dépensés.

A notre avis, et compte tenu des critères ci-dessus, les rapports suivants
méritent une évaluation positive :

- le rapport pour le thème 3.2.1.9 : "Etude des particularités de
l'augmentation des néoplasies dans la population résidant dans les
territoires pollués par les radionucléides", (dirigé par le docteur en
médecine Okeanov A.B.) ;

- le rapport pour le thème 3.2.1.11 : "Etude de l'état de santé des enfants
des liquidateurs des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl", (dirigé
par le docteur en médecine Arintchine A.N.),

- le rapport pour le thème 3.2.1.12 : "Etude des particularités des
atteintes du foie chez les liquidateurs des conséquences de la catastrophe
de Tchernobyl et dans la population déplacée, perfectionnement et
introduction de méthodes de diagnostic et de traitement" (dirigé par le
docteur en médecine Javoronok S.V.).

Les informations contenues dans ces rapports méritent une large discussion
et peuvent être utiles du point de vue scientifique et pratique. Il faut
noter que les frais financiers pour la réalisation de ces recherches ont été
considérablement plus modestes (300, 550 et 250 millions de roubles
respectivement) que les frais engagés pour d'autres thèmes, dont les
conclusions n'apportent pas d'informations nouvelles, utiles pour la santé
publique.

A titre d'exemple pour ces derniers, il faut citer le thème 3.2.1.03 :
"Etude des particularités du fonctionnement des lymphocytes en cas de cancer
de la thyroïde induit par l'irradiation chez les enfants , dirigé par le
docteur en médecine Vorontsova T.V., et financé à la hauteur de plus d'un
milliard de roubles (1.050 millions de roubles). Dans la formulation de
l'objectif de la recherche, il est précisé : "étudier les particularités du
fonctionnement des lymphocytes lors du cancer de la thyroïde induit par
l'irradiation chez les enfants". Pour cela, on a examiné 80 enfants.

Cependant les conclusions ne correspondent absolument pas à l'objectif
affiché de la recherche. Elles incluent des informations connues de longue
date des spécialistes de la pathologie morphologique, en particulier, la
première conclusion : "La morphométrie des cellules lymphoïdes du tissu de
la thyroïde a démontré que lors d'un cancer papillaire le pourcentage des
petits lymphocytes baisse considérablement", de même que la seconde : "Chez
les enfants atteints du cancer de la thyroïde, on constate une infiltration
lymphocytaire de la thyroïde". Il me semble que pour arriver à ces
conclusions il n'était pas nécessaire de dépenser plus d'un milliard de
roubles, car il est impossible de formuler des recommandations sur la base
de ces conclusions.

Le rapport sur le thème 3.2.1.06 : "Perfectionner le programme intégral de
l'observation et de la réhabilitation des enfants souffrant du cancer de la
thyroïde" (financement : un milliard de roubles), dirigé par le docteur en
médecine Drozd V.M., est basé sur l'examen de 176 enfants malades, avec
l'analyse de 31 paramètres cliniques et de laboratoire. Ce rapport s'achève
sur les conclusions suivantes :

"La création de groupes spéciaux pour les enfants et adolescents souffrants
de pathologie cancéreuse de la thyroïde dans des centres de convalescence et
colonies de vacances représente une des méthodes de leur réhabilitation
intégrale, qui doit être conduite, en tenant compte des altérations de
l'état psychologique, physiologique, biochimique et hormonal des enfants".

"3. Lors de l'organisation d'activités sociales et pédagogiques, il faut
prendre en compte la nécessité d'une période d'adaptation des enfants aux
conditions du centre de convalescence et des colonies de vacances, pour
éviter un excès de fatigue".

"9. Chez les enfants et les adolescents atteints du carcinome de la
thyroïde et qui souffrent d'une hypothyroïdie chronique après une
intervention chirurgicale, on observe des réactions de stress dans 25% des
cas".

Faut-il vraiment dépenser un milliard de roubles pour arriver à ce genre de
conclusions ?

Le thème 3.2.1.08 : "Elaborer les méthodes (les protocoles) pour la mise en
évidence une augmentation des tumeurs malignes chez les liquidateurs des
conséquences de la catastrophe de Tchernobyl", dirigé par les professeurs
Jakov I.G. et Kenigsberg Ya.G., financement de 1.100 millions de roubles.

L'objectif du travail consistait à élaborer une approche méthodologique
unique, scientifiquement fondée, pour mettre en évidence l'augmentation des
cas de cancers de la thyroïde, du poumon, de l'estomac et du sein chez les
liquidateurs. Dans les conclusions, on affirme que lors de la recherche
d'une pathologie cancéreuse induite par l'irradiation, la fréquence des cas
de cancer de l'estomac, du poumon et du sein doit être comparée à celle des
mêmes formes de cancer dans une population des mêmes catégories d'âge,
résidant dans des territoires présentant le même type de risque par rapport
à la fréquence. Etant donné que la période de latence du cancer de la
thyroïde induit par l'irradiation a expiré avant 1993, on peut prendre comme
des données de base, les indices d'avant la catastrophe, qui ne présentaient
pas de différences notables entre les districts, ni dans les régions de la
République.

Le rapport se termine par un projet de décret du Ministère de la Santé pour
assurer l'obtention et l'analyse de l'information nécessaire pour découvrir
les cas excessifs de cancers induits par l'irradiation. Spontanément, on se
pose la question suivante : rien n'aurait-il donc été fait jusqu'ici ? Et
ne serait-ce trop pas tard du point de vue d'aide à la population souffrante
? Le montant des frais pour réaliser ce travail est choquant : Fallait-il
vraiment dépenser plus d'un milliard de roubles pour parvenir aux
conclusions suivantes :

"1. Dans les régions de Vitebsk, de Gomel et de Minsk, il y a des districts
où l'on a distingué une nette augmentation des cas de cancer de l'estomac et
du poumon entre 1993 et 1996. En même temps, il n'y a pas eu de différence
dans la fréquence des cas de cancer du sein chez la population féminine
selon les districts dans la région nommée".
"2. La fréquence des cancers de l'estomac, du poumon, du sein n'a pas
montré de corrélation avec les niveaux de l'incidence générale des cancers".

"3. La mortalité causée par les cancers de l'estomac, du poumon, du sein
n'est pas mise en corrélation avec le niveau de la mortalité générale".

Le rapport du thème 3.2.1.21. : "Elaborer les principes pour la création de
blocs séparés de paramètres de base de systèmes informatiques géographiques
pour l'analyse du risque", dirigé par le professeur Kenigsberg Ya.E.,
financement : 1.254 millions de roubles.

Alors qu'il mobilise un financement énorme, le projet n'a pas d'objectif
nettement défini. Au début du rapport, on parle de l'élaboration de
principes pour la création de blocs séparés de paramètres de base, et dans
les conclusions, de l'élaboration de logiciels spéciaux. Mais on ne voit pas
clairement quels sont les principes pour la création des blocs. Quels blocs
séparés les auteurs élaborent-ils ? Et d'une façon générale, quel est le
risque analysé ? de quelles maladies s'agit-il, de toutes celles induites
par l'irradiation, de cancers ou d'autres ? Une énorme place est occupée
dans ce rapport par la description des programmes, alors que l'on ne précise
pas quelles seront les données qui permettront d'atteindre l'objectif prévu
de la recherche.

Le thème 3.1.4. : "Elaboration et fondement de la réalisation des mesures en
vue d'augmenter la protection de la population biélorusse de l'impact de
l'irradiation dans la période de reconstruction après la catastrophe de
Tchernobyl". Programme gouvernemental de la République de Biélorussie,
dirigé par le professeur Kenigsberg Ya.E. Délais de réalisation : 1996-2000.


Trois projets en font partie depuis 1998, et notamment :

- 3.1.4.01 : "Définir les tendances principales de la dynamique de
l'estimation de la dose d'irradiation interne et élaborer pour la
République, de nouvelles limites des doses admissibles pour le Césium-137 et
le Strontium-90 dans les produits alimentaires", dirigé par le docteur en
médecine Boutlova E.E.

- 3.1.4.02 : "Elaborer des recommandations de modernisation de l'ensemble
actuel des mesures de protection, en vue d'une optimisation de la protection
de la population de l'irradiation pendant la période de reconstruction après
la catastrophe de Tchernobyl", dirigé par le docteur en médecine Skriabine
A.M.

- 3.1.4.03 : "Réaliser une évaluation rétrospective et donner une
estimation des doses internes accumulées de contamination de la population
de diverses régions de la Biélorussie par le Strontium-90 et par des
isotopes du Plutonium", dirigé par le docteur en médecine Pogodine R.I. Ces
trois projets ont reçu ensemble un financement de 1.965 millions de roubles.


Le rapport sommaire concernant les projets énumérés ci-dessus, signé par le
professeur Ya.E.Kenigsberg, analyse les tendances de la dynamique de
l'estimation de la dose de contamination interne, en rapport avec
l'élaboration des nouveaux niveaux admissibles dans les produits
alimentaires pour le Césium-137 et le Strontium-90 en Biélorussie.

Il affirme : "L'analyse comparée des niveaux d'absorption des radionucléides
par rapport aux normes admises en Biélorussie, en Ukraine et en Russie, a
montré que la limitation des doses de la contamination interne de la
population de Biélorussie est mieux assurée que celle des populations de la
Russie et d'Ukraine. La comparaison des chiffres uniquement par rapport aux
normes ne peut refléter de façon adéquate le degré de limitation de la dose
interne. Pour une analyse comparative correcte de normes différentes, il
faut évaluer le taux d'absorption de la radioactivité par la nourriture, en
tenant compte à la fois de la composition de l'alimentation standard de la
population de la République et des valeurs des normes".

Il est difficile de comprendre, comme le dit ce rapport, pourquoi les
populations des régions de la Biélorussie, de Russie et d'Ukraine proches du
lieu de la catastrophe auraient eu, avant la dissolution de l'URSS, et
auraient actuellement des régimes alimentaires différents, et comment des
normes plus sévères en vigueur en Ukraine par rapport à la Biélorussie, pour
plusieurs produits alimentaires de base (pour la viande en 1996, 200 Bq/kg
en Ukraine contre 600 Bq/kg en Biélorussie), protègent la population
ukrainienne moins bien que celle de Biélorussie.

Cependant les auteurs du rapport arrivent à une conclusion péremptoire :
"Aucune mesure rigide pour baisser les doses internes ne peut actuellement
réduire la dose totale d'irradiation en dessous de 1 mSv/an, étant donné
qu'elle est assurée à plus de la moitié par l'irradiation externe. Dans
certaines localités des districts de Leltchitski et d'Elski, l'apport de la
contamination interne représente moins de 50%, et les contre-mesures ne
peuvent atteindre leur but, car dans ce cas précis, on n'arrive pas à
maintenir la dose dans la limite ".

Sont proches de cette conclusion, les phrases du rapport sur le thème
- 3.1.4.02 : "Elaborer des recommandations pour moderniser le complexe
existant des mesures de protection en vue d'une optimisation de la
protection de la population contre l'irradiation pendant la période de
reconstruction après la catastrophe de Tchernobyl", dirigé par le docteur en
médecine Skriabine A.M.

Pour atteindre l'objectif de la recherche : "Elaborer des propositions de
principe pour moderniser le système actuel des mesures de protection", la
situation radiologique actuelle dans la région de Gomel a été analysée. On a
sélectionné une population "critique", représentant approximativement 10% de
l'ensemble de la population villageoise, dont les doses moyennes
d'irradiation dépassent 1 mSv/an.

Pour ce groupe, on a évalué que le risque des conséquences tardives de
l'irradiation (un cancer fatal), dépasse de 2% le niveau spontané pour une
population de dimension similaire. On a établi que le rôle prédominant dans
l'alimentation revient aux "soi-disantes cueillettes de la forêt", provenant
essentiellement des zones interdites. On a aussi démontré qu'aucune mesure
raisonnable ne peut en principe réduire de façon substantielle la dose
actuelle, même si l'on parvient à exclure entièrement de la consommation des
produits alimentaires locaux.

On propose un schéma général de modernisation des mesures de protection
existantes, basé sur le refus du principe de mesures obligatoires dans les
zones concernées, et le passage à une application volontariste et sélective
des mesures de protection. On conseille de prendre obligatoirement en compte
des facteurs autre que l'irradiation (facteurs économiques, sociaux et
psychologiques).

De cette façon, les recommandations des auteurs du rapport qui ont dépensé
740 millions de roubles pour les rédiger, se résument à refuser le principe
du respect obligatoire et universel de mesures de protection. Derrière ces
paroles, on peut subodorer le principe "Chacun pour soi !", l'Etat ne
portant plus aucune responsabilité pour la santé des populations.

Ceci est en opposition flagrante avec la Constitution de la République de
Biélorussie et avec la Loi sur la Santé Publique. Au lieu d'expliquer aux
gens quelles règles de protection contre l'irradiation ils doivent
respecter, on leur propose de passer à une application volontaire et
sélective de mesures de protection.

Pour cela, on doit obligatoirement prendre en considération des facteurs
autres que l'irradiation (facteurs économiques, sociaux et psychologiques).
Mais on n'indique pas quelle est la part de ces facteurs. Il faut souligner
que la méthode elle-même, validée par des contrôles, d'obtention des
conclusions citées ci-dessus, ne nous a pas été présentée (le rapport sur le
thème 3.1.4.01 : "Définir les tendances principales de la dynamique de
formation de la dose interne et élaborer pour la République les nouveaux
niveaux, admissibles pour le Césium-137 et le sStrontium-90 dans les
produits alimentaires", dirigé par le docteur en médecine Bouglova V.E.,
était absent).

Thème 3.2.5 : "Optimisation du système de mesures en vue de préserver la
santé de la population affectée, et élaboration de moyens d'augmenter son
efficacité", dirigé par le docteur en médecine Roussiaeva L.N., montant du
financement : 1.466 millions de roubles.

En 1998, ce thème incluait deux étapes :

- 3.2.5.01 : "Créer une base de données et analyser les causes de
l'invalidité des populations affectées, comparées à d'autres groupes
similaires de la population", dirigé par Roussiaeva L.N.

- 3.2.5.02 : "Réaliser une analyse de documents qui réglementent les
contrôles de santé dans des dispensaires pour diverses catégories de
personnes affectées et donner des propositions pour les perfectionner en
liaison avec les grandes tendances de morbidité", dirigé par Kravtsova N.G.

La section 3.2.5.01 n'a pas dobjectif ni de tâches précis. Que signifie la
création d'une base de données ? Est-ce que jusqu'ici cette information
était réellement absente dans le système de santé publique ? Pour les
questions ainsi posées, la conclusion de cette section inclut une phrase
cruciale : "Les résultats obtenus peuvent être utilisés lors de la création
d'un fichier individualisé de l'état de santé de la population affectée, de
même que de son évaluation du point de vue des mesures d'assainissement".

En guise de propositions, on indique la nécessité de contrôles médicaux pour
les invalides, et pour cela, il faut fixer le statut d'invalidité non pas
pour cinq ans, mais pour un an ou deux. Pour écrire cette conclusion, il a
fallu dépenser 740 millions de roubles en une année seulement.

La section 3.2.5.02 (dépenses : 760 millions de roubles) se termine par la
conclusion suivante : "Les résultats de la recherche menée permettent de
recommander lors d'études ultérieures de la morbidité de la population
affectée, d'analyser séparément chaque groupe de la population fichée dans
des dispensaires spéciaux". Cela "servirait d'information de base pour les
dirigeants et les organes de direction lors de la prise de décisions
administratives".

De cette façon, un groupe scientifique comprenant le directeur, docteur en
médecine Kravtsova N.G., un collaborateur scientifique et un ingénieur,
disposant de moyens financiers énormes, recommande, lors de l'étude de
morbidité de la population affectée, d'analyser séparément chaque groupe de
population fichée dans des dispensaires spéciaux.

Autrement dit, l'optimisation du système de mesures pour préserver la santé
de la population affectée et l'élaboration de moyens de son efficacité,
doivent inclure, selon l'avis des auteurs de cette recherche, un changement
de l"analyse de morbidité en vue de la création d"un fichier individualisé
de l'état de santé de la population affectée.

Il est possible que, d'un certain point de vue, il soit indispensable de le
prendre en considération, mais pourquoi dépenser d'énormes moyens financiers
pour arriver à ce genre de conclusions ?

Conclusion générale fondée sur les dossiers étudiés

L'octroi de moyens financiers énormes à l'Institut Scientifique de
Recherches Cliniques de la Médecine des Radiations et d'Endocrinologie,
(plus de 17 milliards de roubles pour la seule année 1998) pour des
programmes scientifiques liés à la catastrophe de Tchernobyl n'a pas abouti
à l'obtention de résultats utiles pour l'économie nationale, permettant
d'assurer une protection qualitative de la santé de la population affectée
par la catastrophe.

A notre avis, cela est lié à l'absence totale d'un contrôle efficace, de la
part des instances supérieures, sur la planification des sujets de recherche
à l'Institut Scientifique de Recherches Cliniques de la Médecine des
Radiations et d'Endocrinologie, par rapport à l'actualité, à l'importance et
l'utilité économique, ainsi qu'à la possibilités d'appliquer les résultats
obtenus dans la pratique de la santé publique.

A la suite d'une attitude irresponsable de la direction de l'Institut
Scientifique de Recherches Cliniques de la Médecine des Radiations et
d'Endocrinologie, par rapport à l'utilisation des moyens financiers octroyés
par l'Etat, pour résoudre les problèmes liés à la catastrophe de Tchernobyl,
une grande partie de ces moyens a été dépensée inutilement.

Par ailleurs, on a financé des orientations de recherche déjà connues et
l'on a négligé des orientations nouvelles, inexplorées. En conséquence, dans
la plupart des rapports, il n'y a pas de recommandations méthodiques réelles
pour la pratique médicale, de même que sont absentes des conclusions
scientifiques ayant une priorité internationale.

A la lumière de cela, nous considérons qu'il serait indispensable de réviser
immédiatement les programmes scientifiques destinés à surmonter les
conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, en privilégiant les
orientations qui peuvent apporter des résultats réels, ayant de l'importance
pour l'économie nationale. Pour cela, il faudrait créer une commission
qualifiée, dont feraient partie les représentants de toutes les structures
d'Etat et organisations réellement concernées.

Il faudrait accroître la responsabilité du Ministère de la Santé et du
Comité Tchernobyl dans l'octroi des financements des programmes
scientifiques liés à la liquidation des conséquences de la catastrophe de
Tchernobyl, en prévoyant un contrôle efficace de la planification des
travaux de recherche du point de vue de leur actualité, de leur importance,
de leur utilité économique, ainsi que des résultats obtenus et des
possibilités de pouvoir les appliquer dans la pratique de la santé publique.


Pour mettre en oeuvre ces orientations, nous proposons de créer un Conseil
Scientifique pour les problèmes de Tchernobyl, composé de scientifiques
biélorusses et étrangers.

Le Recteur de l'Institut d'Etat de Médecine de Gomel,
Docteur en médecine, professeur
Youri I.BANDAZHEVSKY

(Traduction de Galina Ackerman et Michel Fernex)